Deux artistes. Deux femmes. Deux Témiscamiennes. Les œuvres d’Émilie B. Côté et Édith Laperrière ont chacune leur signature singulière, que l’on reconnaît au premier coup d’œil. Chacune a un parcours qui laisse son empreinte et contribue à l’identité culturelle du Témiscamingue. Leurs pratiques artistiques diffèrent tout en se rejoignant dans les thématiques. On peut y remarquer un ancrage dans le territoire, une expression marquée de la ruralité.

Malgré les similitudes, Émilie et Edith ne s’étaient jamais donné rendez-vous, artistiquement parlant. Ressentant un besoin de moins travailler en solitaire, la première a approché la seconde pour une rencontre de leurs pratiques artistiques afin de collaborer à un projet qui s’inscrira dans un partenariat territorial. C’est ensemble qu’elles montent la Mémoire des ruines, un projet pour lequel elles ont reçu une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ).

PREMIER TEMPS

La Mémoire des ruines trouve sa source dans le patrimoine témiscamien, certes, mais agrémenté d’une connotation émotive. Un appel à tous est actuellement lancé dans la population de même que, plus largement, à toute personne qui conserve un lien affectif avec le Témiscamingue. On cherche à recueillir des archives personnelles – objets ou photos –, des morceaux du passé. Une ancienne demeure, un refuge dans le bois, une machine à coudre, une route : les possibilités sont aussi nombreuses que les souvenirs. « Il y a quelque chose de touchant que les gens transmettent leurs photos en sachant que ça va être utilisé dans un projet, qu’ils racontent leur part émotionnelle qui vient avec la photo. L’émotif qui est rattaché au lieu, c’est ce qui est intéressant », évoque Émilie B. Côté.

DEUXIÈME TEMPS

C’est à partir de cette récolte qu’Édith Laperrière puisera son inspiration pour réaliser une immense banderole de sérigraphies. « J’ai déjà travaillé à des projets artistiques qui impliquaient la population. Le plus gros défi, c’est de créer une œuvre qui correspond à mon style, à ma démarche, tout en ayant en tête la contribution des gens dans l’œuvre. L’idée, c’est que celle-ci soit bonifiée avec leur apport. J’ai l’habitude de cueillir moi-même mes images pour la conception de mes œuvres et, cette fois-ci, je laisse cette étape à la population, donc les visions personnelles des gens », mentionne l’artiste.

TROISIÈME TEMPS

Pendant ce temps, Émilie s’assurera de récolter des matériaux (vieille tapisserie, bois de grange, objets du quotidien, etc.). Un peu comme un cadavre exquis, elle prendra ensuite le relais pour à son tour créer sa partie en se basant sur l’œuvre d’Édith. « Le style d’Édith est très épuré et minimaliste. Moi, je suis avec les outils, la matière. Mon défi sera de ramener ça en sculpture ou installation », commente Émilie B. Côté.

QUATRIÈME TEMPS

À ce jour, aucune des deux artistes ne peut savoir à quoi ressembleront leurs œuvres respectives et le produit final. Le projet nécessite un certain lâcher-prise, selon ce que le public fournira et parce qu’il sera créé en duo. « Je crois que le maillage entre nos créations me permettra d’explorer davantage l’aspect multidisciplinaire dans mon art imprimé, de réfléchir la mise en espace avec l’aspect tridimensionnel de la création d’Émilie », indique Édith Laperrière. L’exposition se déroulera en septembre, à la galerie du Rift. « J’aime l’idée que l’on fera ressurgir la mémoire d’un patrimoine tout aussi territorial que personnel. Les gens vont s’y retrouver. Ça permettra de laisser des traces, de marquer l’histoire témiscamienne. Avec une œuvre, ça deviendra immortel », conclut Émilie B. Côté.

Pour participer à la banque d’archives de la Mémoire des ruines, on peut envoyer photos et anecdotes au memoiredesruines@gmail.com.


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