Alors que les lieux amorcent leur déconfinement, le spectacle de création À l’Est de Nod s’est arrêté au Musée d’art de Rouyn-Noranda (MA) en février dernier. Dans une vaste salle, séparée en tiers par des rideaux diaphanes noirs, treize déambulateurs se meuvent sous une musique assourdissante.
En entrant dans cet espace où évoluent ses performateurs, on se sent à la fois observateur et étranger. Au bout d’un moment, on est plongé dans ce qui semble un rêve ou un cauchemar, selon le point de vue.
Création d’Andréane Leclerc, ces tableaux de mouvements et de contorsion défilent, s’enchaînent et se succèdent dans des rythmes lents, ou saccadés. À un moment, une personne s’exclame ou se livre à un monologue qui se fond aux autres performances.
Étrange.
Cette installation performative évolue ainsi sans pause pendant quatre heures. Le spectateur est libre de s’y joindre ou de partir à tout moment, sans plus d’égard et sans aucune influence sur cette trame qui semble appartenir à un temps suspendu.
Pour apprécier l’ensemble, il importe de préciser qu’Andréane Leclerc est en partie issue du monde du cirque où elle a évolué comme contorsionniste. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), la contorsion, pour elle, a été portée à une forme de technique corporelle, à user pour distorde, en quelque sorte, la réalité.
Dans À l’Est de Nod, les déambulateurs ne sont pas à proprement dit des contorsionnistes, mais la lenteur de leurs gestes, parfois en extension, parfois tordus et en repli ou en danse performance, rappellent ces réalités parallèles et distinctes, dans des formes de corps qui n’ont rien d’uniforme.
Ce spectacle ne s’est arrêté que trois soirs à Rouyn-Noranda. Trois soirs pour épier ces trois univers que sont La forêt, L’errant.e et L’abîme, les trois tableaux répartis en trois salles.
Le spectacle voyage toutefois. Il doit faire partie de la programmation de la Biennale Internationale des Arts Vivants Toulouse Occitanie en septembre avant de revenir à Montréal à l’automne 2023.