CARMEN ROUSSEAU

La préservation des bâtiments religieux représente aujourd’hui un défi, car il faut à la fois faire preuve de pragmatisme et d’imagination, tout en sauvegardant la valeur patrimoniale de ceux-ci. C’est dans cet état d’esprit que plusieurs municipalités de notre région ont envisagé une reconversion de leur église paroissiale. 

La fabrique de la paroisse Saint-Barnabé de Landrienne fait face, comme plusieurs autres au Québec, à une baisse de fréquentation, à laquelle s’ajoute une diminution de revenus à la suite de la pandémie. La charge devient ainsi trop lourde pour son équipe vieillissante de bénévoles.

En 2020, les membres du conseil municipal de Landrienne amorcent une réflexion concernant le réaménagement des bureaux municipaux. Ils réalisent qu’un tel réaménagement implique de récupérer l’espace occupé par la bibliothèque municipale. Après analyse, la municipalité interpelle la fabrique afin de discuter de la possibilité d’aménager la bibliothèque dans une partie de l’église. 

En mai 2021, la fabrique rencontre le conseil municipal pour discuter de la vente de l’église. On en vient ainsi à une entente et la fabrique accepte de vendre l’église, pour la somme symbolique de 1 $, avec la garantie qu’un espace soit conservé pour la célébration du culte.

UN PEU D’HISTOIRE

L’église de Landrienne a été inaugurée en 1959, remplaçant un premier bâtiment datant de 1922. Caractéristique de l’architecture moderne, son style doit beaucoup au bénédictin Dom Bellot. Le concepteur de l’église Saint-Barnabé, le clerc de Saint-Viateur Wilfrid Corbeil, lui a donné ses formes épurées, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’édifice présente ainsi une valeur architecturale certaine.

Évidemment, il était nécessaire de conserver le caractère originel de l’édifice, ce que respecte le plan de réaménagement, en plus de préserver les vitraux et l’ornementation. Un mur autoportant, financé en partie par le Fonds culturel de la MRC d’Abitibi, sépare la bibliothèque de l’espace réservé au culte. Cette bibliothèque, plus grande que la précédente, permettra d’offrir de nouveaux services aux élèves de l’école primaire et à la population en général; une section muséale et un médialab y seront également aménagés.

L’espace de la bibliothèque s’ajoute à ceux du sous-sol où sont déjà installés divers services comme le comptoir postal, le bureau de l’infirmière du CLSC, le local du Cercle des Fermières, ainsi que celui les Chevaliers de Colomb. Le financement sera assuré par la municipalité qui occupe dorénavant 80 % de la superficie du bâtiment. Les dépenses supplémentaires comme les assurances, l’électricité et l’entretien seront en partie compensées par les revenus locatifs et par les citoyennes et citoyens qui ont accepté une légère majoration de leur compte de taxes.

La requalification du bâtiment pour en faire un centre communautaire et culturel est le souhait des élues et élus de Landrienne, qui y voient un potentiel important de réalisation de projets culturels en plus de soutenir les organismes du milieu.


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