JEAN-MARC MALU MUTEBA

« La beauté est un mystère qui danse et chante dans le temps et au-delà du temps. »
– Jean d’Ormesson. 

Rouyn-Noranda sera témoin de la quatrième édition du festival Cinédanse qui vient s’ajouter au foisonnement culturel abitibien. Ce festival, qui regroupe des artistes de tous les horizons et de diverses origines, est animé d’une volonté de bouger, de prolonger le mouvement et de témoigner du passage du temps. Il s’agit d’un mouvement qui nous invite à arrêter, à nous exprimer, à voir, à sentir, à bouger, à vivre, à aimer, à danser et à vieillir. Aimer, vieillir et danser! Voilà le thème d’une farandole d’activités dont la première sera une présentation de FRAGILE Le printemps perdu du Montréalais Denis Poulin, le 9 mars. Le festival se tient jusqu’au 16 mars, mais, idéalement, il se prolongera ensuite dans les cœurs et les corps de ceux et celles qui se laisseront entraîner par la fébrilité des organisateurs au-delà de sa fin.

Une demi-douzaine de performances, des ateliers, la projection d’une quarantaine de films d’art, la deuxième édition du Symposium Guérir les blessures – Nouvelles perspectives en danse et en santé dans nos communautés, des échanges entre artistes de Rouyn-Noranda, Londres, New York, et partout encore, des apéros dansants avec DJ, notamment, se dérouleront sous le regard enjoué de la population de Rouyn-Noranda.

À l’horaire, il y a également le film Habiter le mouvement de la cinéaste rouynorandienne Béatriz Mediavilla, avec, au montage, Dominic Leclerc. Le film met en scène des artistes de la région, comme Antoine Charbonneau-Demers ainsi que la pionnière de la danse contemporaine québécoise Martine Époque. C’est aussi un événement au cours duquel plusieurs artistes autochtones viendront raconter leur façon d’habiter le mouvement, et témoigner du temps.

Les différents éléments de la programmation de ce festival se dérouleront au Musée d’art de Rouyn-Noranda (MA), au Petit Théâtre du Vieux Noranda, à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), ainsi qu’à L’Annexe-A.

Ce que Cinédanse, créé en 2012 par le producteur Sylvain Bleau, apporte à l’Abitibi, c’est la résonance de cette aubade de mouvements amorcée par La danse dans la neige de Françoise Sullivan devant la maison de Jean-Paul Riopelle; ce manifeste artistique qui se veut une ode au partage de la beauté; cette beauté sans frontière. Cinédanse s’interroge sur notre rapport au temps, à la vieillesse, à la vie, à la mort et à la condition humaine avec, en filigrane, la danse comme matrice de communication. 

Jean-Paul Dubois écrivait dans Une vie française que le corps physique doit être à l’image du corps social : en constante révolution. À travers le corps physique, on remet en question la modernité, la canalisation des actions quotidiennes conditionnées par les devoirs du travail, de la raison, du moule social figé, de la segmentation des générations et des cultures. En effet, la danse est une manifestation de l’intuition des sens; une intuition qui permet d’aller au-delà des sentiers balisés, de redéfinir chaque mouvement quotidien, de se redéfinir et de redéfinir les enjeux de société.

Voir.

Une aînée qui exécute l’image miroir d’une autre personne qui est éloignée d’elle uniquement par le passage du temps.

Contempler.

Lui qui ne parle pas la même langue, mais qui intègre son mouvement à celui de l’autre qui est aux prises avec une douleur que la danse, par la joie qu’elle procure, atténue et, en plus, dans le même temps, efface les frontières. C’est l’espoir, tout simplement, qui peut voyager entre les êtres humains en se donnant à une action dont tous les peuples peuvent se réclamer. Ainsi, la danse de l’espoir sera mise de l’avant dans cette 4e édition.

Pour Sylvain Bleau, danser guérit; danser rapproche; danser demeure ce rituel souvent oublié, mais dont on a besoin. Danser remet en question notre rapport à la maladie, à la mort, au vieillissement et redéfinit l’existence.

Finalement, la danse puise toute son essence dans l’âme humaine.

Après Montréal, Québec et Ottawa, Cinédanse s’invite donc à Rouyn-Noranda et, virtuellement, ailleurs au Québec et dans le monde.