Le 19 octobre dernier, Antoine Charbonneau-Demers annonçait sur ses réseaux sociaux la publication sur son site Web de son journal intime, accessible gratuitement pour l’instant. En quête de la plus sincère vérité, l’auteur nous donne accès à ses pensées à travers ses courtes entrées de journal intime. Il communique ainsi ses réflexions avec la plus grande exactitude possible, ce qui se révèle pour lui une expérience sociale hors du commun.
« M’approcher de la vérité, comme dans Daddy par exemple, qui est mon dernier livre, je trouve que ça m’approche plus de l’écriture comme je l’idéalise. J’ai découvert des auteurs aussi qui écrivent de la non-fiction, ça m’a amené là naturellement [à publier mon journal intime]. » Comme personne ne peut complètement prétendre à la vérité absolue, ce qui motive Antoine est de converger du mieux possible vers sa propre vérité. Il y parvient en racontant des scènes de sa vie dans lesquelles il se remémore les événements le plus précisément qu’il peut. Il laisse planer aussi l’éventualité que les lecteurs se découvrent chacun une certaine vérité au fil de ses mots.
Justement, cette technique d’écriture qui lui est chère, ou du moins qu’il privilégie l’amène à une écriture en peu de mots qui se lit pratiquement comme une pièce de théâtre. « Quand j’écris, j’imagine vraiment les chapitres, ou les entrées de journal, comme des scènes. Focaliser sur les événements, [ça permet d’] interpréter ça comme on a envie. » Raconter ses journées sous forme de scènes laisse place à l’imagination, sans que ses émotions personnelles n’empiètent sur la lecture que les gens en font.
Publier son journal intime sur une plateforme aussi publique qu’un blogue pourrait donner le vertige, sachant que tous et n’importe qui ont la chance de le lire. Mais pas pour Antoine. « Je suis quand même une personne un peu timide qui, justement, ne dit pas tout et ne s’exprime pas nécessairement de la bonne façon tout le temps avec mes amis et ma famille. Pouvoir faire ça, ça montre qui je suis, ça me permet de prendre ma place dans le monde, comme avec les livres. C’est la même chose. Mais le journal, c’est plus rapide. C’est au quotidien. Ça me sécurise, même, parce que je n’ai pas besoin d’attendre trois ans pour que le livre sorte. Ça fait du bien de savoir que ça va être lu tout le temps. »
Outre répondre à l’exercice de s’exposer, offrir à nu son journal intime lui occasionne une introspection supplémentaire. « Maintenant qu’il y a des gens qui le lisent, j’essaie de comparer mon journal d’avant à celui d’aujourd’hui. Les gens réagissent à ce qui avant était intime. Ils me posent des questions, ça me fait réfléchir à comment je vis tout ça par rapport à moi-même. Est-ce que, vraiment, l’écriture impudique à 100 % existe? Est-ce que, quand on écrit, on ne cache pas déjà quelque chose? Est-ce qu’on peut vraiment tout révéler? Des fois, je me demande c’est quoi que les gens aimeraient de plus si moi j’ai l’impression d’aller au bout. »