Nous avons jardiné tout l’été, ma compagne et moi. Des semis jusqu’à la récolte, le potager a évolué grâce à nos soins. D’abord la germination, éclairée par des sourires, puis la croissance, la floraison, l’arrivée des fruits et leur maturation. On dit que l’on récolte ce que l’on a semé. Ce n’est pas toujours ainsi, car on ne contrôle pas tout. Cependant, en s’appliquant de notre mieux, on augmente les chances de recueillir ce qui aidera à passer l’hiver. Il faut y mettre du temps et de l’attention. Il faut faire ce qu’on peut, tout ce qu’on peut.

J’ai passé une partie de ma vie à travailler avec des organismes communautaires. De la naissance à la mort, des personnes accompagnent leurs semblables et offrent leur service pour ramieuter la vie. Tous ces groupes sont là pour rendre notre monde meilleur.

Une maison de la famille, par exemple, soutient les parents et les accompagnera dans l’apprentissage de leur rôle. On y donne des conseils pour l’aide aux devoirs, des idées pour la cuisine et on anime des groupes de discussion afin que les parents s’aident les uns les autres.

Avec des moyens différents, les travailleuses et travailleurs de rue, les cuisines collectives, les refuges pour personnes itinérantes soutiennent les personnes mises à l’écart. En attendant que plus jamais personne ne soit à l’écart… Les centres de femmes, les centres d’aide et de préventions des agressions à caractère sexuelles, les maisons pour les victimes de violence et leurs enfants font un travail tout aussi fondamental.

Ces organisations répondent à des besoins urgents de leur milieu. On parle de plus de cent cinquante groupes dans la région. Chacun d’eux a une mission, une assemblée générale, un conseil d’administration, des bénévoles et des employées. J’écris « employées », car ce sont, pour l’immense majorité, des femmes qui y travaillent. On les retrouve surtout dans le domaine de la santé et des services sociaux, mais aussi dans la défense des droits. Dans ce dernier cas, elles veillent à soutenir les locataires, les personnes sans emplois ou encore des bénéficiaires de services qui sont lésés. Certains organismes interviennent à l’échelle locale et d’autres, dans l’ensemble de la région.

Vraiment trop peu financés, tous ces groupes doivent compter sur le soutien de la population qui reconnaît leur importance, que dis-je, leur nécessité. C’est la raison pour laquelle des collectes de fonds ou des corvées sont réalisées pour les soutenir et les aider à accomplir leur travail. Ici, il est nécessaire et primordial que les gouvernements les soutiennent bien davantage sur le plan financier.

Leur travail est patient, dévoué, invisible. Pourtant, si ces groupes venaient à fermer demain, le choc serait violent, et toute la population régionale le ressentirait. En s’appliquant, jour après jour, de leur mieux, ils augmentent les chances de milliers de personnes à passer à travers les coups durs… et l’hiver.


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