Je connais des enseignantes (parce que ce sont surtout des femmes) de tous les niveaux : des centres de la petite enfance à l’université. Lorsqu’elles parlent de leur travail, mis à part l’attachement aux élèves, les nouvelles sont rarement bonnes. En résumé, nous avons trente ans de retard à rattraper. Allons-y de quelques faits…
Il manque tant de places en garderies que la Chambre de commerce de Rouyn-Noranda a accordé la priorité à ce dossier pour la prochaine année. Pour demeurer poli, disons que le développement du réseau se fait au ralenti. Par ailleurs, les revenus tirés des subventions pour la garde en milieu familial n’accordent pas un salaire décent aux travailleuses. C’est pourquoi il y a des fermetures en série.
L’actuel gouvernement du Québec a aboli les commissions scolaires pour les remplacer par ces centres de services, malgré une opposition généralisée. Il a aussi instauré les maternelles quatre ans, en empiétant sur le réseau des centres de la petite enfance. Mais, pour ce faire, on a besoin de nouvelles enseignantes. Or, celles-ci désertent le primaire et le secondaire. Les conditions de travail sont telles que nombre de jeunes enseignantes sont forcées d’abandonner. Dans nos écoles, les bibliothécaires, psychologues, orthopédagogues et autres spécialistes manquent cruellement. Les classes débordent d’élèves en difficulté, et la coupe est pleine.
Tout ça avec un gouvernement dont le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, s’est fait élire en promettant de valoriser la profession enseignante. Un gouvernement dont le premier ministre a été ministre de l’Éducation de 1998 à 2002. Pourtant, aux dernières nouvelles, les offres faites au personnel enseignant du primaire et du secondaire étaient tout sauf valorisantes. Et les conventions collectives sont échues depuis presque un an.
La réforme du système d’éducation a servi de levier pour faire sortir notre province et notre région de l’ignorance dans les années 1960 et 1970. Toutes les personnes qui servent présentement la société québécoise, des ingénieurs aux préposés aux bénéficiaires, ont été formées dans nos écoles. L’éducation est malmenée, négligée, mal entretenue depuis au moins trente ans. Il en va ainsi du personnel comme des bâtiments. À ce chapitre, il est fou de se demander si l’aération d’une polyvalente est efficace en temps de pandémie, de voir des parents faire des campagnes de financement pour réparer une cour d’école ou encore un cégep faire des pieds et des mains pour rénover sa piscine…
La pandémie a mis tout ça en lumière. L’idéologie du moins d’État s’est attaquée à notre système d’éducation, tel un virus. On peut mettre fin à la destruction de ce formidable outil collectif en s’y mettant toutes et tous, comme on le fait avec la COVID.
Il ne manque que la volonté politique que nous devrons forcer pour servir notre avenir, celui de nos enfants d’abord.