Pour son premier roman jeunesse paru au début du mois de juin, Antoine Charbonneau-Demers n’a en rien perdu son style éclaté et audacieux. Bien que plus réaliste, Baby Boy n’en reste pas moins surprenant et rafraichissant.
Baby Boy raconte la dernière année au secondaire d’un adolescent homosexuel dépressif qui décide de vivre ses « premières fois » : sexe, drogue et alcool sont ses mots d’ordre! Il fera alors la rencontre de Marc-André Langelier, un finissant à l’Académie nationale d’art dramatique, où il souhaite auditionner. Celui-ci commencera à le surnommer « Baby Boy » et à lui faire des avances déplacées. Entre abus sexuels, chantage et intimidation, cette dernière année ne sera peut-être pas aussi géniale que prévu.
Très vite, on observe que l’œuvre s’adresse assurément aux adolescents. Son traitement très juste de sujets actuels, auxquels ils peuvent s’identifier, montre la volonté de rejoindre des lecteurs plus jeunes. L’auteur a très bien su se mettre dans la tête d’un garçon mal dans sa peau qui veut être accepté par les autres : « J’ai envie de m’asseoir tout nu sur un boulet de démolition et de foncer dans l’école. Dans toutes les places où je n’ai pas la mienne, moi, j’arrive » (p. 11).
Il faut tout de même souligner que ce roman ne pourrait pas s’adresser à un public très jeune. Son contenu explicite et ses thèmes délicats demandent un certain recul. De plus, il faut avoir un regard très ouvert sur l’œuvre pour comprendre la fin déroutante de Baby Boy. Ce livre aurait donc avantage à être lu par des adolescents plus âgés.
Malgré tout, la forme du texte rappelle celle d’un roman jeunesse classique. Bien que le livre soit d’un premier abord volumineux, ses chapitres courts et l’intégration de textos à l’intérieur rendent la lecture fluide. L’œuvre est également séparée en trois parties, chacune traitant majoritairement d’une découverte du protagoniste et développant à sa façon ses relations sentimentales. L’ajout d’une liste de lecture et d’une interview de l’auteur est d’autant plus intéressant pour le lecteur, car cela permet de mieux s’immerger dans l’œuvre et d’en comprendre le sens.
En fin de compte, on peut parfaitement recommander ce livre à des adolescents suffisamment mûrs pour en comprendre le contenu. Ils plongeront dans la lecture sans pouvoir s’arrêter : ils passeront du rire aux larmes avec ce livre qui ne les laissera pas indifférents.