Pour la deuxième saison d’Abitibi 360, Serge Bordeleau et sa compagnie Nadagam films présentent cinq courts métrages portant sur des sujets témiscabitibiens. En plus des qualités concernant son approche du territoire et son humanisme, Abitbi 360 se distingue par le tournage numérique des épisodes avec une caméra comprenant huit objectifs disposés en cercle. Cela permet, lorsqu’on visionne les vidéos, d’avoir un sentiment d’immersion et de présence sur les lieux. C’est particulièrement vrai en revêtant des lunettes de réalité virtuelle, mais on pourra avoir un aperçu de la scène à 360 degrés même sans elles, en faisant pivoter sa tablette ou son téléphone intelligent dans les applications YouTube ou Facebook. Dès que le déconfinement aura lieu, des lunettes de visionnement seront disponibles à l’Office du Tourisme de Val-d’Or et au mois de décembre au MA Musée d’art à Rouyn-Noranda.

Serge a un parcours des plus intéressants. Il a été biologiste et a travaillé avec les communautés anicinabek de Timiskaming First Nation et de Kitcisakik. Puis, il est retourné étudier en cinéma à Montréal. À son retour dans la région, il s’est occupé du Festival du cinéma des gens d’ici et s’est mis à la production cinématographique en fondant Nadagam films. « J’ai choisi de revenir en Abitibi et d’y élever mes enfants. Le Nord représente les deux tiers de la province, mais son poids médiatique est très faible. Les sujets qui m’inspirent sont ancrés en Abitibi et touchent des sujets universels », dit-il.

Chaque court métrage a été une aventure différente, chaque personnage a été accueillant, confie Serge Bordeleau. Selon lui, chaque épisode arrive à un point culminant : « Paul Lemay contemple la Terre des Hommes et se rappelle le général de Gaulle; Robert Gagnon coule son lingot d’or et Aline Leclerc parle avec patience des roches; Jerry Hunter arrive avec son regalia devant nous, timide auparavant, il s’affirme maintenant; Pascal Laliberté, le trappeur est heureux quoiqu’on en pense et Jean-Pierre Robichaud, alias Jépi, contemple le lac. »

Serge Bordeleau révèle qu’il a voulu s’interroger sur différentes façons de vivre le territoire, la nordicité et dans un cas, le froid. Pour lui, l’hiver fait partie de notre pays et la traversée du lac Abitibi par Jépi est « un exemple des gens qui accueillent l’hiver, la beauté de l’hiver, comment l’hiver peut nous aider à trouver nos forces et à transmettre tout çà à d’autres ». Les autres épisodes ont chacun leur spécificité et s’interrogent sur le nationalisme (Pagaie), l’époque des pionniers (Cailloux), la joie de vivre (Pow-Wow) et un métier qui se renouvelle (Fourrure).

La série, qui a remporté en juin un prix Numix dans la catégorie « Documentaire immersif », ainsi que son making-of sont disponibles sur les sites Web de la revue Beside et de la Fabrique culturelle.


Auteur/trice

Michèle Paquette est retraitée de l’enseignement des sciences naturelles au niveau collégial. Elle écrit dans L’Indice bohémien depuis 2013. Elle habite en Abitibi-Témiscamingue depuis 2006. Elle a vécu sur la Côte-Nord où elle s’est occupée d’environnement. Ici, elle s’intéresse tout particulièrement à la culture abitibienne.