Maurice J. Kistabish est originaire de Pikogan, une communauté autochtone enclavée dans la ville d’Amos. Celui qui a agi en tant que négociateur pour représenter les Premières Nations, entre autres auprès d’une compagnie d’exploitation forestière, a déposé, à la fin avril, son mémoire de maîtrise à l’École d’études autochtones de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). L’Indice bohémien a discuté avec lui de ses travaux et de reconnaissance des droits et du territoire des Premières Nations.

Dans son mémoire intitulé La résistance face aux politiques d’exploitation des ressources naturelles en territoire anicinape dans un contexte de gouvernance autochtone, M. Kistabish se penche sur un cas où il a agi en tant que négociateur au début des années 2000, alors que la communauté de Wahgoshig s’opposait à une compagnie forestière qui souhaitait couper des arbres sur le site d’un cimetière autochtone. Comme négociateur, M. Kistabish devait s’assurer que la compagnie écoute sérieusement la communauté en plus de tenir compte de ses objectifs et de ses revendications.

Pour réaliser ses travaux, Maurice J. Kistabish a recensé chaque action de résistance menée par la communauté de Wahgoshig, les a décortiquées et les a comparées à des résistances menées par des autochtones partout dans le monde autour de la même époque.

En rédigeant son mémoire, M. Kistabish souhaitait démystifier la résistance autochtone et abattre les clichés l’entourant. Selon lui, à cause de certains événements comme la crise d’Oka, en 1990, les actions de résistance autochtones sont facilement vues comme violentes et désorganisées. Par ses travaux, il voulait donc mettre en lumière l’organisation derrière une manifestation et ses motivations réelles : « L’idée d’une résistance, l’idée d’une manifestation n’est pas d’aller buter la compagnie avec laquelle tu vas éventuellement bâtir une relation. Le but, c’est d’en arriver à une entente avec la compagnie qui soit satisfaisante et gagnante pour tout le monde », précise-t-il.

Pour Maurice J. Kistabish, un des principaux défis rencontrés par les communautés devant faire face à de grandes compagnies réside dans la méconnaissance de celles-ci en lien avec les droits et la culture des Premières Nations. Bien que certains protocoles aient été mis en place ou changés pour instaurer un meilleur dialogue entre les deux parties, M. Kistabish considère qu’on peut faire encore mieux. Les modalités de consultation demeurent mal définies et trop facilement évitables par les compagnies.

Parallèlement à ses études, M. Kistabish s’engage activement auprès de sa communauté et de sa nation. Actuellement, il exécute entre autres des travaux de recherche pour le Conseil tribal de la nation algonquine afin d’en savoir plus sur le type de gouvernance et de citoyenneté qui existait dans les communautés anicinape avant l’implantation de la Loi sur les Indiens. Et ce n’est qu’un projet parmi tant d’autres pour cet homme qui a à cœur la reconnaissance des droits, de sa culture et de sa nation.