Samuel Larochelle a grandi à Amos, mais depuis ses 19 ans, il vit à Montréal, où il gagne sa vie comme journaliste et auteur. Je l’ai rencontré pour connaître sa relation avec les deux endroits et savoir comment l’addition de sa jeunesse en région et de ses années passées en ville influence son processus de création et le développement de ses projets.

Parti d’Amos au début des années 2000 pour entreprendre des études de journalisme à Jonquière, Samuel garde le souvenir d’une Abitibi où il ne se sentait pas adéquat, d’abord en tant qu’homosexuel en région éloignée; mais aussi comme garçon sensible, plutôt isolé, pour le meilleur et pour le pire, dans une bulle qui lui appartenait. Son départ hâtif et son installation à Montréal ne sont pas étrangers à ce sentiment. S’il admet que les choses ont beaucoup évolué dans la région, Montréal semblait, à l’époque, le meilleur endroit pour combler sa soif d’effervescence artistique et de diversité culturelle et sexuelle.

Samuel considère que son passage à la métropole s’est fait sans difficulté majeure. Installé depuis neuf ans dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, dont l’architecture, la diversité des classes et la proximité communautaire ne sont pas sans lui rappeler son Abitibi d’origine, il a rapidement acquis une affection profonde pour la ville. Quand je lui fais remarquer que cet amour transparaît dans ses romans À cause des garçons et Parce que tout me ramène à toi, il répond en riant qu’il s’agissait d’un processus involontaire et que ce n’est qu’après coup qu’il a réalisé combien son œuvre était un hymne à la métropole. Pour l’auteur, le fait de nommer des lieux précis et de faire évoluer son personnage dans des endroits typiques de la ville était surtout une façon d’ancrer son histoire dans le réel.

Si nous avons mentionné plus haut le caractère difficile de la relation de l’auteur avec sa ville d’origine, les choses ont changé dans la dernière année. En 2019, Samuel a été président d’honneur du Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue et cette expérience a été pour lui l’occasion de tant de rencontres valorisantes, d’une telle validation de son travail et de son art, qu’il a enfin pu oublier ses dernières réticences envers l’Abitibi, au point que ses prochains projets de création, dont une nouvelle et une pièce de théâtre, ont presque tous un lien avec la région.

Symbole important de son désir de renouer avec l’Abitibi et de contribuer à sa vie culturelle, Samuel a lancé en septembre dernier le Cabaret des mots, un événement littéraire tenu dans différentes villes de la région et mettant vedette des auteurs locaux. Une deuxième édition du cabaret s’est tenue en janvier dernier dans six villes de la région, dont deux du Témiscamingue, qui se sont ajoutées à l’itinéraire. Il espère ainsi contribuer à rendre la littérature plaisante et accessible dans tous les milieux.