« N’importe quel objet peut être un objet d’art, pour peu qu’on l’entoure d’un cadre. »

Ces mots qui nous sont murmurés à travers le temps par Boris Vian transpirent un certain mépris pour l’art dans sa forme moderne, qui prête bien souvent plus d’attention à ce qui entoure une œuvre qu’à l’œuvre elle-même. Si vous avez déjà une idée toute faite sur la Fontaine de Duchamp ou La trahison des images de Magritte, il se peut qu’une œuvre récente vienne bousculer vos principes artistiques : début septembre à La Corne se déroulait la création d’une sculpture faite à partir d’objets usagés (collectés par les citoyens du village à l’écocentre de La Corne) par l’artiste Korb avec l’aide de David Miljour de Dose Culture.

Le projet d’inviter l’art urbain dans la municipalité de La Corne, mené par Catherine Bélanger, agente de développement à La Corne, avec l’aide du fonds Culture et patrimoine, nait en 2016. Après des recherches d’artistes graffiteurs locaux, Catherine Bélanger décide de faire appel à l’entreprise Dose Culture, autour de laquelle gravitent pas moins de 35 graffiteurs et artistes à travers le bassin du Saint-Laurent. Pour l’agente de développement, il est important d’intégrer l’art dans un mode de vie rural. Pour David Miljour, la volonté derrière le projet est de s’intégrer en tant que collectif d’artistes urbains dans un village de campagne, mais aussi, et surtout, d’intégrer le régional dans chaque projet : c’est dans cette optique que le collectif s’investit dans six à huit projets par an en région.

Il serait maladroit de penser qu’il ne s’agit ici que d’une œuvre de plus dans un paysage quelconque, car l’empreinte de Korb et David Miljour ne se résume pas à une création en passant puisqu’ils ont également donné un cours de graffiti aux dames du Cercle des Fermières de La Corne. Ils profitent également de leur passage pour créer une autre œuvre à Preissac puisque le projet se fait conjointement entre les deux communautés.

Comme l’a dit Korb : « Le graff n’est pas un art porteur de messages, c’est un style de vie », dans lequel, peut-être, le non-message est le message.

Et pour paraphraser Vian, tous les objets peuvent être des objets d’art, pour peu qu’on les entoure… d’inspiration.


Auteur/trice