Quel secret sœur Marie-Hosanna cache-t-elle au plus profond d’elle-même? Alors qu’elle est âgée de 15 ans, Ophélie Martel, fille du célèbre et terrifiant juge montréalais Aristide Martel, est amenée par son père au monastère des Augustines à Québec. Pour ce dernier, il s’agit d’un point de rupture : jamais il ne compte revoir son enfant. La jeune fille aurait commis l’irréparable pour lequel le salut ne s’achète que par un don de soi intégral, une vie de cloîtrée. Ainsi prendra-t-elle le voile pour devenir sœur Marie-Hosanna. C’est avec humilité qu’elle acceptera cette condition pendant plusieurs années, avant de choisir de reprendre le contrôle de sa vie.

Pour son huitième roman, Le crime de sœur Marie-Hosanna (Druide, 2019), l’écrivaine abitibienne Claire Bergeron choisit une intrigue qui s’anime au cœur du Québec du début du XXe siècle. Des questions et préoccupations chères à l’autrice, dont la condition féminine, en émergent. À travers le personnage d’Ophélie, jeune fille que l’on suit de sa tendre enfance au début de l’âge adulte, Claire Bergeron fait vivre au lectorat les conditions, limitations et frustrations liées au sexe faible, ainsi que se plaît à le nommer le juge Martel. La jeune fille joviale et brillante, portée par ses rêves et ambitions, voit les portes se fermer devant elle les unes après les autres. Ses projets et comportements ne correspondent pas à ce que l’on attend d’elle : apprendre à devenir une mère attentionnée et une épouse soumise.

Au fil de la lecture, on découvre également une toile de fond historique documentée avec justesse. Les personnages évoluent à Montréal et à Québec, mais aussi dans l’Abitibi rurale de la colonisation. Sans magnifier la difficile réalité abitibienne, la romancière attire l’attention sur la solidarité, l’entraide et le partage, nécessaires valeurs pour survivre dans cette région en développement au climat aride. Claire Bergeron ne manque d’ailleurs pas l’occasion de mentionner l’importance du train dans l’ouverture de ce nouveau centre de colonisation ni de citer au passage quelques personnalités marquantes.

Le début du XXe siècle étant aussi celui de la Grande Guerre et de la grippe espagnole, ces événements ont aussi marqué la vie des protagonistes du roman. En outre, la cartographie de Montréal et des environs est illustrée par des références à d’anciennes municipalités de l’île dont le paysage a bien changé au cours du dernier siècle.

Le crime de sœur Marie-Hosanna est aussi un roman dont l’intrigue bien ficelée tient le lectorat en haleine. D’un rebondissement à l’autre, les surprises invitent à tourner les pages et à profiter de cette lecture propice à la détente.


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