Oui, la fin des classes approche. Et les devoirs aussi se terminent bientôt. Fini les mots de vocabulaire, les tables de multiplication, les maths à compléter, l’examen à étudier. On ose espérer que tout ce beau monde se retrouvera à jouer dehors, à remplir les rues et les parcs de vélos et de ballons, à lire de bons livres, à lâcher les tablettes et les écrans aussi.

 

Les devoirs, c’est une question clivante. Plusieurs en voient les bénéfices et aiment voir ce qu’apprennent leurs enfants. Pour d’autres, c’est un véritable calvaire, un moment de stress de plus. Ils voudraient faire autre chose. Le docteur en éducation Pierre Potvin fait un intéressant constat : « Si les enseignants du primaire donnent des devoirs à la maison, et ce, dans le but de favoriser la réussite scolaire, il semble bien, selon les travaux, que ce n’est pas une stratégie efficace. Par contre, il semble bien qu’au secondaire, cela contribue à la réussite. »

 

Ce n’est pas simple. 

Je proposerais une solution : un grand pacte entre l’École (la majuscule est voulue!) et le peuple québécois. Un pacte annoncé par le ministre lui-même, le lutrin, les drapeaux, quelque chose de solennel. Le contrat? Fin des devoirs et leçons à la maison jusqu’en 3e secondaire. Après, on prépare les jeunes aux études supérieures. Tout est fait en classe, on présume que le programme sera vu, retravaillé pendant la journée. Les enseignements, les exercices, les révisions, les travaux et les évaluations se font durant la journée. Quand la cloche sonne, c’est terminé. Les profs communiquent le rendement via des communications régulières. 

 

En échange, l’école se recentre sur ses deux missions essentielles : instruire d’abord, et qualifier ensuite. On se concentre sur la matière et les programmes qu’on cessera d’alourdir selon les modes et l’actualité. Il faudra donc mettre de côté certaines choses, le temps manquera. On coupe donc : les fêtes d’Halloween, de Noël et de Pâques, les sorties au cinéma, les activités-récompense, les périodes de jeux libres, les films sans but pédagogique, les sorties ski-patin-raquettes et tous les autres Pageau, Aiguebelle et Musée minier de ce monde. On se questionne sérieusement avant d’aller voir des pièces de théâtre ou de recevoir tous ces organismes et conférenciers (lobbys?). 

 

C’est un échange de temps. Les parents pourront donc, les soirs et les fins de semaine, amener leurs enfants voir des films et des pièces, leur faire faire du sport, fêter ce qu’il y a au calendrier, cuisiner des plats-santé. À chacun ses responsabilités. Mais attention! Selon M. Potvin : « S’il n’y a pas de devoir à la maison, il serait important d’avoir un système qui favorise la relation enfant-parent-école, qu’il y ait des occasions pour le parent d’encourager son enfant dans ses apprentissages, de valoriser les sujets étudiés, etc. »

 

Et puis, pourquoi ne pas lire quinze ou vingt minutes chaque soir? C’est un beau devoir, un beau pacte à faire aussi!


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.