Si vous êtes un adepte de comédies musicales ou de spectacles à grand déploiement, il est à parier que vous êtes passé par La Sarre dans les dernières années pour assister à une représentation de Rock’n Nonne ou du Paradis du Nord. Vous avez vu sur scène une ribambelle de musiciens, de chanteurs et de comédiens dont le plaisir est contagieux. Derrière tout ce beau monde se cache depuis longtemps une passionnée de musique doublée d’une pédagogue convaincue : Jocelyne Beaulieu, directrice musicale de La Troupe à Cœur ouvert de La Sarre. En 2011, elle recevait le prestigieux prix Jean-Pierre-Guindon, remis par l’Alliance des chorales du Québec en reconnaissance du soutien inconditionnel des chefs de chœur envers leur chorale, leur région et leur association.

Originaire de Dupuy, Jocelyne Beaulieu a passé 35 ans à enseigner la musique au secondaire à la Commission scolaire du Lac-Abitibi. « Ça a toujours été une priorité pour moi de faire participer les élèves à des projets concrets. » Elle fonde donc une harmonie scolaire et un stage band, auxquels les jeunes musiciens consacrent une bonne partie de leurs heures de diner et beaucoup de soirs de semaine. « Les projets rassembleurs sont non seulement une motivation pour apprendre la musique, mais ça développe leur sentiment d’appartenance à l’école et donne une raison de plus d’y rester », soutient l’enseignante. La musique devient aussi une façon de voyager, de se frotter à d’autres formations musicales d’envergure. « Grâce à l’harmonie et au stage band, on a fait beaucoup de spectacles. À Sherbrooke, on participait à la compétition provinciale des harmonies. On y a récolté beaucoup de prix », raconte Jocelyne, pour qui c’est une fierté d’offrir à ces jeunes l’occasion de faire de la musique à un plus haut niveau.

« L’apprentissage de la musique donne un bagage musical, une culture élargie. On apprend à mieux écouter, mieux comprendre, mieux apprécier la musique, même si on ne devient pas un musicien professionnel », explique Jocelyne. Mais cette dernière accorde aussi une grande importance à l’attachement au groupe, un très bon facteur de rétention scolaire, de motivation, de sentiment d’appartenance pour les jeunes : « C’est ensemble qu’on est fort, qu’on peut faire quelque chose de beau! »

Questionnée sur l’importance de faire des arts à l’école, Jocelyne Beaulieu s’emballe : « C’est très important, les arts plastiques, la musique, l’art dramatique. En plus de leur permettre de s’exprimer, ça valorise parfois les jeunes qui ont des difficultés scolaires, mais qui performent ailleurs. Ça en prendrait toujours, de l’art à l’école. »

Si l’école est un lieu d’épanouissement pour l’enseignante, il n’est pas le seul. À Dupuy, elle forme une chorale avec des adultes, les Boute-en-train. « C’est un petit village, alors au départ, c’était un projet très simple, mais qui a peu à peu attiré du monde parce qu’on était une chorale qui bouge en chantant », explique Jocelyne. Ils sont naturellement passés à la comédie musicale, montant des pièces comme La mélodie du bonheur ou Scrooge. « De fil en aiguille, Daniel Morin a fait des mises en scène pour les Boute-en-train. Il y avait aussi Donald Renaut qui s’impliquait avec nous dans la chorale. Quand Daniel s’est mis ensuite à monter Demain matin, Montréal m’attend, il est venu me chercher pour la direction musicale », raconte Jocelyne qui, après quelques projets menés de front pour les deux groupes, a décidé de se concentrer sur La Troupe à Cœur ouvert, suivie par les membres de la chorale intéressés par le projet.

Depuis 2000, plusieurs pièces ont été montées, à raison d’une production par année. Le paradis du Nord est la grande exception parmi les réalisations marquantes qu’on a pu voir en région, une comédie musicale inédite racontant l’histoire de la colonisation de l’Abitibi-Témiscamingue et présentée au grand public pendant sept étés consécutifs.

Depuis sa retraite de l’enseignement, Jocelyne Beaulieu ne chôme pas. Elle mène actuellement une harmonie sénior, composée d’anciens élèves et de plus vieux qui ont le gout commun de la musique. La continuité que représente cette implication est sans contredit le témoin incontestable de l’héritage de plaisir et de partage laissé à des générations de jeunes musiciens contaminés par son enthousiasme et son dévouement. Chaque semestre, ils sont entre 25 et 30 adultes à participer à de nouvelles productions. Parmi eux se trouvent parfois d’anciens étudiants fraichement revenus en région après des études à l’extérieur qui cherchent à se refaire un réseau, à s’impliquer dans leur communauté, à retrouver le plaisir de jouer. Et ce n’est pas tout. Avec l’École des arts de la scène qui appartient à la troupe, Jocelyne Beaulieu donne des cours de comédie musicale aux enfants, avec qui elle monte deux productions par année.

Son souhait le plus cher? Que continue l’enseignement de la musique des instruments à vent à la Commission scolaire où elle a fait carrière. Reste-t-il quelqu’un à convaincre qu’elle a sans doute raison?

beaulieujoce@gmail.com


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