À partir du début de janvier 2017, L’Écart.. . lieu d’art actuel invite en ses murs l’artiste multidisciplinaire de Rouyn-Noranda Andréane Boulanger pour une résidence de création. Tout au long du mois et jusqu’au 27 janvier, soir du vernissage, l’artiste aura l’occasion de travailler sur place et d’élaborer un tout nouveau corpus alliant peinture et installation, un projet qui a pour titre Aujourd’hui ne vient pas me voir.

« L’Écart m’a demandé si j’avais des choses à montrer. Ils m’ont proposé un espace de travail pour une période d’un mois, un genre de laboratoire », explique Andréane, qui est actuellement à la maîtrise en création numérique à l’UQAT. « J’ai décidé de réintégrer la peinture en ajoutant l’art numérique ou analogique à ce projet qui sera finalement multidisciplinaire. »

Toujours difficile pour un artiste de parler d’un projet quand il n’est pas encore à terme. C’est dans le processus que l’œuvre se crée, non pas seulement dans les intentions qui en sont à l’origine. Toutefois, Andréane Boulanger sera fidèle à son travail, cherchant à s’installer sur la ligne mince entre l’étrange et le malaise, jouant sur les sentiments contradictoires. « J’installe comme un grand vide. Il y aura des scènes d’intérieur de maison, avec des personnages en attente de quelque chose, en sursis, dans des ambiances ambigües. Je cherche un rapport à l’intimité tout en disant au monde “ne vient pas me voir”, explique l’artiste, comme quand on a envie d’être seul, soit quand on file un mauvais coton ou, au contraire, qu’on est bien dans la solitude. »

En plus du travail en peinture, Andréane compte essayer une installation sonore qui pourrait ressembler à un confessionnal. « Je voudrais parler de la recherche de sens au niveau de l’identité. Je crois que les espaces intimes vont devenir sacrés, dans un monde de médias où l’on se confie sur Facebook et où on ne comprend pas la portée des informations qui circulent. Le rapport à l’intime n’a plus de frontière », raconte-elle.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’univers d’Andréane Boulanger, on peut se laisser berner par une première impression où l’on retrouve le confort de la peinture figurative, des galeries de personnages étrangement familiers, esthétiques. S’installe ensuite un doute, ou plusieurs. Elle sait exactement ce qu’elle fait. « J’ai grandi à Malartic, à travers une série de personnages étranges, patients de l’hôpital psychiatrique, qui n’adoptent pas le même langage verbal et corporel que nous. Ce monde a peuplé mon imaginaire depuis l’enfance », raconte Andréane, qui est fascinée par la communication humaine. « L’humain a la capacité d’analyser le langage corporel. Moi, je l’utilise dans ma peinture, dans les portraits que je crée. Je joue sur la confusion que peut créer ; par exemple, un visage peint avec des émotions différentes selon le côté que l’on regarde. Est-ce de la tristesse, de la joie, de la colère ? »

Pour commencer un processus de création, Andréane Boulanger a souvent recours aux outils de la performance. « C’est un médium en soi mais c’est aussi un moyen d’ouvrir vers quelque chose de nouveau si je suis bloquée. Il n’y a pas de limite, on n’a pas à se battre avec des technicalités ou un produit fini. Des fois, un geste répétitif ou un état performatif peut générer une image, ouvrir un canal émotif et ensuite, je vais développer quelque chose. »

Étrange que de parler de l’intime tout en travaillant dans un espace ouvert avec une vitrine extérieure donnant sur la rue Murdoch. « En effet, je dois apprendre à assumer ma création. C’est rare! Je vais travailler devant les gens qui passent, être accessible. Ça demande une discipline incroyable », confie Andréane. Si la performance est un déclencheur, le travail en direct d’une résidence n’est pas complètement étranger au processus.

Vernissage : 27 janvier 2017


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