Je viens de terminer Avec le rêve pour bagage, le dernier Benoit-Beaudry Gourd paru le mois dernier aux éditions du Quartz. Il y a des chiffres, des chiffres et encore des chiffres dans ce livre trop maigre pour nourrir les ambitions de son auteur. C’est en effet un mince volume de moins de cent pages dont la première moitié sert à nous entretenir de l’immigration au Canada, au Québec et en Abitibi-Témiscamingue, avant de s’achever par une plongée dans le parcours de neuf immigrants dans l’autre moitié. Je viens donc de refermer ce livre en pensant à la dédicace que m’a faite Nicolas Lauzon le jour du lancement de son dernier recueil de poèmes. « Voici un peu de poésie pour trouver l’animal en nous », a écrit le poète. Eh oui ! il y a quelque chose d’animal en moi. Il y a quelque chose d’animal en chacun de nous.
Ce qu’il y a d’animal en nous, c’est par exemple ce mouvement migratoire dépeint par Benoit-Beaudry Gourd, qui révèle notre désir de trouver un gîte où nous abriter, un climat plus clément où nous reposer, une terre plus fertile pour nous nourrir. Ce qu’il y a d’animal en nous, c’est aussi notre désir de marquer notre territoire, pour tenir l’Autre loin de notre gîte. Notre histoire est celle de cet incessant mouvement migratoire qui fait qu’un petit blond de Normétal et un jeune Zimbabwéen se partagent le même patrimoine génétique. Notre histoire, c’est celle du mouvement, du va-et-vient pour notre survie. Il paraît que les premiers hommes étaient des cueilleurs, des chasseurs, ce qui contredit formellement l’idée largement répandue du commerce du sexe comme le plus vieux métier du monde. Décidément, l’homme est un animal, politique, sans doute, mais avant tout mouvant. Notre vraie différence avec les animaux, c’est que ces derniers sont trop modestes pour revendiquer l’exclusivité de la raison. Le jour où cela changera, le monde ne sera plus le même.\