Le film De Compostelle à Kuujjuaq sera présenté en première mondiale au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue le dimanche après-midi 30 octobre. Un visage différent des gens et des communautés autochtones, c’est ce que le moyen métrage nous fera découvrir à travers le parcours de Stanley Vollant, le premier chirurgien autochtone au Québec.

 

Stanley Vollant, cet homme inspirant et ambitieux, a parcouru sur 5 ans 6000 km à la marche et en canot afin de rencontrer les communautés autochtones du Québec, de l’Ontario et du Labrador. Il a transporté un message d’espoir pour les jeunes Autochtones : si lui, issu d’un milieu difficile, modeste et éloigné. avait réussi à devenir chirurgien, tous devaient croire en leurs rêves les plus fous.

 

Stanley Vollant a commencé son expédition à l’automne 2010 et c’est à l’automne 2014 que le réalisateur Simon C. Vaillancourt et son équipe ont suivi Stanley pendant différentes expéditions afin de mettre en image son histoire et ses motivations. L’équipe a également eu accès à des archives d’un journaliste de l’Université de Montréal dans les débuts de l’aventure du marcheur, soit l’expédition de l’hiver 2012 et 2013, qui feront partie du film.

 

Simon C. Vaillancourt admet avoir été extrêmement impressionné par la grande volonté de l’homme, qu’il a dû retarder à quelques reprises pour les besoins du tournage et qui n’a jamais demandé ni accepté d’aide. « Tout le monde sait que pour un tournage, on va demander à Stanley “peux-tu faire ci, peux-tu nous attendre”, donc on le retarde dans sa marche, et évidemment, on lui propose de l’emmener plus loin, mais il n’a jamais voulu prendre de raccourcis. » Simon raconte que même pour l’arrivée vers Ottawa, tous les marcheurs avec lui ont été recueillis en camion pour compléter le parcours; Stanley, lui, n’a jamais voulu embarquer. Ils étaient tous censés faire le parcours en canot, mais comme les vents étaient trop forts, il leur était impossible d’aller plus loin. Lors de la dernière journée d’expédition, après avoir fait une demi-journée de rabaska qui était complètement épuisante, il leur restait 34 km de marche à faire avant leur point d’arrivée. Au final, seuls Stanley et un jeune Autochtone ont fini le trajet aux pas de course.

À l’hiver 2014-2015, le début de l’expédition vers Kuujjuaq aura été le plus pénible, tellement qu’elle aura presque été annulée dû au froid extrême. « Tout le monde était en mode survie, le drone ne voulait pas s’envoler, les caméras fonctionnaient à peine, et c’était extrêmement froid. Il y a vraiment eu un moment où on se demandait “est-ce que l’expédition arrête maintenant ?”. »

 

Parmi les autres défis de l’aventure : trois nations ensemble qui, historiquement, ne sont pas amies, ni habituées de se côtoyer. Inous, Inuits et Naskapis ont eu à travailler ensemble pour se rendre vers Kuujjuaq. Comme le raconte le réalisateur, « ça rajoutait une coche de tension par-dessus le froid extrême, disons que ce n’était pas un endroit super agréable où être dans le moment ».

 

À quelques semaines de la présentation de la première mondiale au FCIAT, Simon C. Vaillancourt explique que le film a d’abord été pensé en fonction de faire deux émissions de 52 minutes pour la télé d’Ici Radio-Canada : la première heure pour l’expédition de Kipawa vers Ottawa et la deuxième heure, de Schefferville vers Kuujjuaq. « De ça, le défi pour le festival c’est d’en faire un film de 65 minutes, qui à la mi-septembre, est toujours en chantier. » Au total, ce sera le meilleur du 30 jours de tournage qui sera présenté. « Du documentaire pur et dur qui nous en apprend sur les communautés autochtones. En deux ans de tournage, c’est ma propre vision des communautés autochtones qui a changé, je juge beaucoup moins que je pouvais juger au tout début du processus. Ce film est un rapprochement, il permet aux non-Autochtones de voir par quoi les Autochtones sont passés et réaliser que notre peuple a une part de responsabilité là-dedans, mais que dans les deux côtés, on ne peut que faire mieux. » De Compostelle à Kuujjuaq reste malgré tout un film d’espoir, précise Simon.

 

Ce sera le 3e documentaire produit par Nova Média à être présenté au festival. Le premier était Il parle avec les loups,qui a fait connaître le Refuge Pageau d’Amos et qui s’est d’ailleurs mérité le prix du jury Télébec en 2001. Le 2e, paru en 2008, Avec conviction, sans espoir,a mis en vedette Léandre Bergeron, bien connu à Rouyn-Noranda comme propriétaire de la boutique La Semence. Les productions se disent extrêmement fières de présenter le film De Compostelle à Kuujjuaq le 30 octobre prochain.

 

La 35e édition du FCIAT aura lieu du 29 octobre au 3 novembre prochain. \

 

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