Pivote sur toi-même et exécute un 360. Capte une photo du paysage abitibien avec tes yeux et conserve-la précieusement en tête, dans tes souvenirs.

 

Plus tard, en visite chez des amis, essaie de partager cette image, de vulgariser ce que tu as ressenti devant la mystérieuse profondeur des mines, devant la beauté du réservoir Dozois. Explique avec passion le vertige que tu as eu sur le pont suspendu du Parc d’Aiguebelle ou encore ta stupéfaction lors de ta rencontre avec le peuple anishnabe. Tu décroches quelques sourires, des hochements de tête, sans plus. Impossible de transmettre avec exactitude l’essence de ton expérience. Plutôt décevant. Il fallait y être ? Plus maintenant.

 

Grâce à Nadagam Films, une entreprise de production cinématographique et de réalité virtuelle, le projet Abitibi 360 effacera cette barrière. La réalité virtuelle permettra à quiconque de survoler les merveilles de la région d’un simple pivot, pour en saisir toute la beauté. « Je veux utiliser l’outil pour transporter les gens dans différents lieux symboliques de l’Abitibi-Témiscamingue et leur raconter une histoire », mentionne Serge Bordeleau, réalisateur et producteur exécutif.

 

C’est un feu vert pour Serge Bordeleau et son équipe. Leur projet a été sélectionné parmi une centaine d’autres par le Lab Culturel, leur donnant accès à une subvention de 20 000 $. En développant différentes expériences immersives, Nadagam Films veut intéresser la population à la culture et façonner l’identité abitibienne et autochtone. « Il fallait trouver une démarche de création qui mobiliserait le public pour lui donner le goût de découvrir du contenu régional. La technologie et l’innovation a été la réponse. »

 

Cette démarche expérimentale unissant culture et numérique donnera lieu à d’autres projets, soit : Les profondeurs de la terre, l’exploration de la mine la plus profonde en Amérique du Nord, Nous sommes Anishinaabe, à la découverte de leur culture et territoire et Pour une dernière fois…, pour faire vivre aux résidents de la maison de soins palliatifs de la Source Gabriel des endroits qu’ils aimeraient revisiter avant leur dernier repos.

 

Pour l’instant, quatre casques de réalité virtuelle sont disponibles à Val-d’Or. L’immersion se fera donc à des haltes lors de certains festivals comme le Festival de cinéma des gens d’ici et le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. L’UQAT et le Lab Culturel sont aussi des partenaires majeurs dans cette exploration, mais Nadagam Films est toujours à la recherche de nouveaux investisseurs sachant que, d’ici 2025, on estime que le marché se situera entre 80 et 180 milliards de dollars, selon la banque d’investissement Goldman Sachs. Que ce soit le casque Occulus Rift, le Gear VR ou le Google cardboard, d’ici 5 ans, tout le monde devrait avoir un casque de réalité virtuelle à la maison, ce qui stimule Nadagam Films à développer des projets pour le privé et le public.

 

À ma question « devrait-on avoir peur ou se méfier de cette nouvelle technologie ? », Serge Bordeleau répond qu’en tant que fan de l’écrivain Isaac Asimov, il préfère rester optimiste face à cette fascinante avancée !

 

Si Nadagam signifie « au bord de l’eau » en anishnabe, on peut certainement compter sur cette entreprise pour nous y faire tremper le bout du pied, que ce soit virtuel ou réalité ! \


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