Afin de dénoncer le projet de loi 70 ainsi que l’austérité généralisée du gouvernement en place, le Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue (RÉPAT) organisait en février deux actions symboliques aux images fortes. D’abord, un match de hockey opposant pauvres et riches, puis une manifestation populaire où l’on pouvait jouer à la roue de l’infortune.
Les actions symboliques sont une force du mouvement communautaire, qui renouvèle continuellement sa façon de faire passer son message pour une société plus juste et inclusive. Les groupes de la région ne font pas exception. Au sein du RÉPAT, de nombreux groupes ont mis sur pied une démonstration éloquente de l’écart entre les riches et les pauvres encore aujourd’hui. Nul besoin d’être devin pour prédire l’issue d’un match de hockey où les riches disposaient d’un gardien de but infaillible et où les pauvres jouaient presque sans équipement. Quand on constate que l’Agence du revenu du Canada a offert une amnistie secrète à des riches clients du cabinet KPMG qui ont caché des millions de dollars à l’île de Man, alors que le commun des mortels se voit garantir de sérieux démêlés judiciaires s’il produit une déclaration de revenus erronée ou trompeuse, on ne s’étonnera pas que la classe moyenne ainsi que les plus démunis perçoivent le jeu comme étant truqué !
Lors de l’action des roues de la fortune et de l’infortune, les participants tournaient les roues pour découvrir ce que le gouvernement allait passer à la moulinette de l’austérité. Service de santé, CPE, ressources pour personnes handicapées… La roue de la fortune, de son côté, mettait en valeur de nombreuses alternatives fiscales qui permettraient d’ajouter de l’argent aux coffres de l’État : taxation du revenu des banques, ajout de paliers d’imposition additionnels, lutte contre l’évasion fiscale, etc.
Ces actions, mises en scène pour créer des images fortes qui font réagir, sont conçues en comité. Le but recherché est de frapper l’imaginaire. Chaque tactique de lutte, comme les pétitions, les marches et les actions dérangeantes, présente des avantages et des inconvénients. Souvent, l’action symbolique se veut ludique et rassembleuse. Comme le fait remarquer Ann-Julie Asselin, militante et administratrice au RÉPAT, « les citoyennes et citoyens sont curieux de voir ce qui se passe, ça crée de l’ouverture pour en apprendre plus sur un sujet ». Ces actions hautes en couleur sont aussi très utiles pour capter l’attention médiatique et présenter une perspective moins présente dans les médias traditionnels.
Parallèlement à ces actions du RÉPAT, un mouvement de superhéros anonymes a aussi émergé. Ces citoyens engagés ont visité différents commerces (dont des banques) pour parler des alternatives fiscales. Règle générale, cette façon de faire est accueillie favorablement par les citoyens et permet d’aborder un sujet qui pourrait rebuter. Comme le dit l’un de ces superhéros : « Ces actions sont à refaire, on a senti beaucoup d’intérêt de la part des gens. »
Plus que tout, les actions symboliques permettent aux citoyens de constater qu’ils ne sont pas seuls à déplorer les inégalités sociales. Ann-Julie Asselin le souligne : « On veut aider les gens à comprendre des enjeux, mais on veut aussi ramener de l’espoir et du courage à ceux et celles qui croient encore qu’il est possible de changer le monde. » \