Les saisons se déploient à crédit maintenant. On les vit au gré des ventes qui font désormais ombre aux cycles des vivants. L’appel des catalogues vibre plus fort que celui des outardes.
D’ailleurs, pourquoi en serait-il autrement? Le présent, seul, doit compter. Un présent, sans « après » ni « avant » : un présent seul, seulement payant… Car la mémoire et l’espoir n’apportent rien aux investissements. Alors, ceux qui sont incapables de s’acquitter de cette réalité, on n’a qu’à les oublier… N’est-ce pas, monsieur le ministre?
Je suis indigné de ce prêt à penser pour nous. Même si le temps et les faux prophètes éliment la conscience, je reste indigné. Comme nous le sommes tant et tant! Et je crois en toi, en nous, pour vaincre la froideur solitaire.
Ici, j’écris ce que je sens… À toi, à nous!!!
L’hiver est long, froid dans nos « moi » isolés… Nos barques, dérivant à la petite semaine, s’emprisonnent dans une banquise d’informations. Elles viennent de partout, de tous nos appareils… Si nombreuses les nouvelles, si « n’importe quoi », si « objectives », dans leur partie émergée, qu’elles déchirent nos coques. Elles érodent nos confiances.
Rien ne laisse croire que nous sommes, toi et moi et tout le monde, à même de changer… la vie. On nous dicte comment nous vêtir, penser, parler, acheter ou se vendre. On fait croire qu’il faut cracher sur la différence, que l’ennemi est en nous. On nous martèle que leur vérité est la seule et que nous sommes trop petits, trop pauvres d’esprit pour créer un monde libéré de la loi du marché.
Laissons à lui-même cet océan mangeur de lumière et avançons! Voici notre printemps, bien plus long, bien plus grand qu’une saison… Ça peut en prendre du temps à pousser, un printemps. Prenons le temps pour nous et agissons, ensemble comme nous le pouvons! Ce printemps-là, pas encore tout à fait là, on peut y rêver et s’en inspirer. On peut l’ensemencer dans nos esprits malgré les prêtres de la vérité argentée, du mépris facile et leur police de la pensée.
Nos récoltes seront peut-être minces ces années. Peut-être pas aussi foisonnantes que nous le souhaiterions. Peut-être pas, mais nous les partagerons. Les anciens ont connu pire… Notre terre rêvée tarde à dégeler? Nous allumerons des feux pour réchauffer nos champs. Ils seront animés de passions, de manifestations lumineuses; de toutes les flammes encore vivantes. Nous y ferons s’embraser la parole!!! Elle soufflera nos braises une fois tous les appareils éteints, lorsqu’il n’y aura que la vie pour l’accompagner.
De la tombée de la nuit au lever du soleil, nous voguerons de clan en clan, d’abri de fortune en abri de fortune pour écouter les paroles crépiter. Puis, le jour revenu, nous étendrons les cendres sur tout le pays pour le rendre moins acerbe, plus clément, ouvert et fertile…
Bouquets d’idées, floraisons d’exclamations, chaleur et lumière pour être capables de vivre!!!