Il n’y pas de recette magique, de truc pour devenir un auteur à succès. Mais certains ont du flair et savent écrire des histoires qui deviennent rapidement très populaires. L’exploit est encore plus grand quand on vise une clientèle adolescente, reconnue pour fuir les bouquins comme la peste noire.

Tout comme moi, vous êtes probablement surpris et dépassés par le phénomène Twilight. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 35 millions de livres vendus dans le monde, surtout à des adolescents, sans parler des 300 millions de dollars en recette pour le film tiré du premier tome de la série.

Je n’ai pas lu, ni vu Twilight. Je n’ai pas le goût, même si je reste étonné et curieux face à cette folie adolescente entourant l’histoire d’amour d’un vampire et d’une jeune fille, mélange à l’eau de rose de Dracula, Roméo et Juliette et La Belle et la Bête. Je ne comprends pas certes l’engouement pour ce genre d’histoire, un peu cucul. Certains me diront que je n’ai plus quinze ans. Ils auront raison. D’autres que je ne suis pas un romantique, que je ne crois plus en l’amour éternel. Je dirai que j’ai bien hâte de voir le vampire changer des couches et donner des biberons à trois heures du matin, on verra s’il est aussi romantique avec sa belle!

Malgré tout, je me console : nos jeunes peuvent lire et, surtout, veulent lire, si on leur présente des histoires qui les captivent. La preuve : il y avait pénurie de romans Twilight, cet hiver, dans certaines villes de la ­région…

On avait connu des phénomènes semblables précédemment. D’abord Harry Potter, puis Amos Daragon. Les ados s’arrachaient les livres, les dévoraient en quelques soirées. Brian Perro devenait un demi-dieu dans les salons du livre.

Oh! attendez, j’en entends déjà dire que ces historiettes, ces aventures de héros pré-pubères aux pouvoirs magiques, ce n’est pas de la littérature, avec le grand L. « À cet âge, nous lisions Maria Chapdelaine! ». « Bob Morane ! Ça, c’était de la littérature jeunesse! ». « Les jeunes ne lisent plus les classiques, les grandes œuvres. Désolant! » Bravo! Et aujourd’hui, que lisez-vous ? Ou, du moins, lisez-vous ? Et surtout : que reste-t-il de toutes ces lectures? Pas grand-chose, mes amis, du moins quand on regarde lucidement la situation.

Portrait sommaire. En 2007, 30% seulement des Québécois étaient abonnés à une bibliothèque publique, avec une moyenne de 6,5 livres empruntés annuellement. Une catastrophe. Une autre donnée inquiétante : 41% des ménages affirment avoir acheté des livres, pour une moyenne de 170$ par famille. Il faut conclure que l’on passe plus de temps au Canadian Tire ou dans un «gym» que dans une bibliothèque et que l’on dépense plus en gadgets et gugusses électroniques qu’en livres. Je ne sais pas pour vous, mais moi, ces chiffres me troublent.

Les choses doivent changer et la solution passe par les enfants et les adolescents. Ça nous ramène donc à Twilight. Qu’ils lisent, les jeunes ! Qu’ils lisent ce qui leur plaît. Twilight, Harry Potter? Oui. Le Survenant, Tintin au Tibet, Le Guide de l’auto, Les aventures de Caillou, Sentier Chasse et Pêche? Qu’importe! Le plaisir doit être ici le seul critère. L’école se chargera bien de leur faire lire quelques classiques d’ici et d’ailleurs.

Envahissons les bibliothèques avec eux le samedi. Offrons-leur des livres en cadeau. Visitons le Salon du livre de la région. Faisons le tour des librairies et bouquineries. Racontons des histoires aux plus petits, lisons avec les plus grands le soir.

C’est ainsi que les jeunes voudront lire, qu’ils en comprendront toute l’importance. Lire par utilité, lire par plaisir, lire pour mieux comprendre le monde. Surtout, lire qui restera toujours un acte d’amour. C’est l’essentiel. Amour des mots, amour d’une langue, amour du livre. Mais aussi amour pour son plus vieux qui apprend enfin à lire seul, amour des enfants collés sur nous pendant l’histoire du soir …

Voilà. 650 mots pour vous convaincre d’aller au Salon du livre à la fin du mois. C’est assez?


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.