Au cours de l’automne dernier, les passants sur l’avenue Murdoch et la 9e Rue à Noranda ont pu admirer l’installation d’une imposante réalisation du sculpteur Jacques Baril sur le mur du Centre Dave-Keon / aréna Iamgold. L’œuvre, intitulée La joute de l’éphémère, a été réalisée dans le cadre du Programme d’intégration des arts à l’architecture, plus connu sous le nom du « 1 % ». Il s’agit sans aucun doute du projet le plus ambitieux de la carrière de cet artiste qui n’en est pas à ses premières idées de grandeur! On n’a qu’à penser à la cathédrale blanche qu’il a réalisée pour les fêtes du 100e d’Amos en décembre 2013 pour comprendre que Jacques Baril n’a pas froid aux yeux!
Comme l’ensemble du projet est de grande envergure, le concours était ouvert à tous les artistes inscrits dans la banque du 1 % à travers le Québec. Jacques Baril a donc été invité à proposer la maquette d’une œuvre s’intégrant à l’architecture, tenant compte de la partie ancienne en briques et de la partie récente en blocs de couleurs. Devant deux autres sculpteurs, c’est sa proposition qui a été retenue par le comité de sélection. « Il arrive souvent que ces gros projets soient remportés par des artistes montréalais. Je suis donc très heureux du déroulement, car je suis convaincu que c’est bon pour la région. On n’a pas dépensé 5 ¢ en dehors de la région, tous les matériaux ont été achetés ici », explique Jacques Baril.
La réalisation même de l’œuvre a été toute une épopée, exigeant du sculpteur qu’il adapte son atelier pour la cause. L’artiste Sébastien Ouellette lui a d’ailleurs prêté main-forte tout au long de la fabrication. La sculpture est le fruit de près de 18 mois de travail échelonné sur les trois dernières années. « C’est un mur immense, et c’est fantastique pour un artiste d’avoir un si grand espace, mais en même temps ça fait peur. Quand on l’a mis au mur, je ne l’avais jamais vue dans son ensemble, c’était le fun! » confie le sculpteur, qui a eu recours à l’expertise d’Installation Média-pub pour l’accrochage.
Habiller un bâtiment de cette envergure est en effet un défi de taille, tant par l’aspect technique que pour donner du sens à l’œuvre. « J’ai voulu faire une sculpture qui allie les deux parties de l’édifice. La tuyauterie de cuivre fait référence au bas, à la vieille partie, tandis que l’aluminium est plus géométrique et plus contemporain », explique Jacques Baril. Même si le métal est associé à la solidité, il représente ici une glace dans laquelle s’inscrivent les égratignures des lames de patins et qui se fracture, laissant apparaître l’envers du décor. Les tuyaux parlent de la mécanique inventée par l’homme pour adapter son environnement. « Dans le temps, on patinait sur les rivières gelées, mais aujourd’hui, avec le réchauffement climatique, la glace peut casser. L’homme est une espèce en danger, il est voué à l’éphémère », ajoute le sculpteur non sans philosophie.
La joute de l’éphémère, quant à elle, est là pour durer,ajoutant au patrimoine bâti de la ville et du quartier une touche bien intégrée dans son paysage urbain et donnant le signal au passant qu’il se trouve à la croisée de deux mondes, dans celui sacré du hockey et du quartier culturel que devient le Vieux Noranda.