L’entreprise amossoise Tea Taxi entend capitaliser sur l’explosion du marché du thé en Amérique du Nord pour démontrer par l’exemple qu’un nouveau genre de développement est possible en Abitibi-Témiscamingue.
«Notre ambition, c’est vraiment de diversifier l’économie de la région avec des jobs qui sont des jobs de création.On est une boîte de création, avec un bout recherche et développement sur le produit du thé et un bout manufacturier», explique le cofondateur de Tea Taxi, Simon Letendre. Ce dernier a aussi démarré, avec sa conjointe Caroline Roy et à partir à partir d’une idée développée au MBA à l’UQAT, la franchise de restauration Sushi & Cie.
«Le monde a l’impression qu’on est condamnés à être dans une économie de ressources naturelles», poursuit l’entrepreneur, reprenant en douce son chapeau de directeur général adjoint de la Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue. «On est l’une des entreprises les plus «flyées» pour l’économie régionale. Faut être fantasques en maudit : on dit qu’à partir d’Amos, on va accaparer des parts importantes du marché du thé de spécialité en Amérique du Nord. On fait clown pas mal des bouts. Mais ça avance, et on développe, on fait des ventes tous les jours, ça fait travailler plein de monde.»
L’entreprise, qui emploie aujourd’hui une douzaine d’employés à plein temps (responsables de la production, représentants des ventes, etc.) et qui embauche à la pièce designers industriels et autres spécialistes des communications dans le cadre de son volet recherche et développement (RD), doit cependant conjuguer avec l’énorme défi de gérer sa croissance. «Nous avons vécu trois déménagements dans la dernière année et demie. Et on commence déjà à être serrés», explique Letendre, qui estime que Tea Taxi aura besoin d’une superficie commerciale de 10000 à 20 000 pieds carrés d’ici un an ou deux — alors que les locaux actuels couvrent environ 4000 pieds carrés.
Dans les prochains mois, Tea Taxi compte solidifier son réseau de distribution au Québec (l’entreprise est déjà implantée dans douze commerces de proximité, d’Amos à Senneterre en passant par Baie-Comeau, dans cinq régions du Québec), avant de tenter sa chance dans le reste du Canada, et aux États-Unis. «Nous avons un peu moins de 1M$ de ventes pour l’année en cours — et c’est exceptionnel. Notre objectif, c’est de poursuivre notre développement et d’avoir au moins 150 employés dans dix ans, ici, à Amos, en Abitibi.»
Produits doublement régionaux
Et ce n’est pas les idées qui manquent à l’entrepreneur de 37 ans, père de cinq enfants, qui compare l’expansion que le marché du thé est appelé à connaître en Amérique du Nord au boom des tablettes électroniques et autres iPhones. Le développement de nouveaux produits, en partenariat avec les commerçants qui accueillent déjà les thés Tea Taxi, est d’ailleurs au centre des préoccupations de Letendre. Il cite en exemple les chocolats au thé vert et au thé chai développés à Rouyn-Noranda par la chocolaterie le Gisement et la gelato préparée par Coquine et Chocolatine à Amos.
Le thé «Coureur des bois», développé par essais et erreurs à base de thé des bois et de thé du Labrador cueillis en région, fait également la fierté de Letendre, qui a démarré Tea Taxi avec l’objectif de «démocratiser» le thé — un peu comme la SAQ l’a fait avec le vin en développant les pastilles de couleurs. «Au final, c’est juste mettre des feuilles dans de l’eau chaude et tu aimes ou tu n’aimes pas […] On est à Amos. L’eau est d’excellente qualité. Et l’ingrédient le plus important quand tu fais un thé, ce n’est pas le thé, c’est l’eau. Donc on a des opportunités assez intéressantes à saisir», laissera-t-il finalement tomber, se gardant difficilement d’en dire davantage…