Dans le but de souligner la semaine québécoise de la déficience intellectuelle, la salle du Conseil municipal de La Sarre accueillera l’exposition Je t’aime du 12 mars au 11 avril 2014. Résultat d’un processus de création atypique supervisé par l’artiste en arts visuels Jocelyne Caron, cette exposition mettra en valeur trente-deux œuvres réalisées par des personnes atteintes de déficience intellectuelle.

Par cette activité, les organisateurs espèrent d’une part sensibiliser la population à la réalité des personnes déficientes intellectuellement et, d’autre part, valoriser et promouvoir leur travail. Cette expérience enrichissante aussi bien sur le plan humain que sur le plan artistique en est à sa 7e édition. L’idée, inspirée des initiatives des Impatients, consiste à initier les participants, tous déficients intellectuels, à l’expression artistique. Les apprentis-artistes de Jocelyne Caron constituent un groupe assez hétérogène. Ils proviennent de trois endroits différents et appartiennent à plusieurs catégories d’âge. Les jeunes de 15 ans viennent de la Cité étudiante La Polyno de La Sarre. À ce groupe s’ajoute une autre catégorie de participants de 20 à 65 ans qui arrivent du Centre de formation générale Le Retour. Enfin, les pensionnaires du Club de l’amitié complètent la cohorte.

Jocelyne Caron organise des ateliers de deux heures avec son groupe d’artistes en herbe. Elle leur donne des consignes et les fait peindre avec des couleurs et de la matière. Elle se réjouit de pouvoir travailler avec un public aussi attachant. Même si les apprentis-artistes faisaient preuve d’inhibition la première année, elle a constaté un véritable changement à partir de l’année suivante. Le fait de côtoyer des personnes qu’ils connaissent sécurise ses élèves, qui développent une belle estime d’eux-mêmes et chez qui le processus de création n’est jamais entravé par la crainte d’être jugé.

Une fois qu’ils ont reçu les consignes, ils se mettent à travailler pour réaliser quelque chose qui ne peut être que beau selon eux. « Toujours fiers de leurs réalisations, ils ne sont pas continuellement dans l’autocritique et l’autoévaluation : ils ne portent aucun jugement dépréciatif sur ce qu’ils font », explique Jocelyne Caron. Pour l’artiste-accompagnatrice, c’est une grande qualité qui fait défaut la plupart du temps à un très grand nombre de personnes, trop encombrées de leurs préjugés et trop soucieuses de ce que les autres peuvent penser d’elles.

Puisqu’il n’y a aucun blocage dans le processus de création, les élèves de Jocelyne Caron laissent s’exprimer leur créativité et produisent des œuvres imprégnées d’une grande sensibilité. « Il importe néanmoins de ne pas les infantiliser et de les traiter comme de vrais artistes », précise-t-elle. En ce sens, c’est un espace d’échanges que l’artiste crée entre elle et ses élèves. Cela favorise un climat de travail agréable qui permet aux élèves de développer leur estime personnelle. D’un autre côté, de nombreux artistes confirmés s’intéressent à leurs travaux et vont les rencontrer pendant leurs vernissages. Ce signe de reconnaissance contribue non seulement à aider les élèves à prendre leur place dans la société, mais aussi à rapprocher deux univers qui ne sont pas aussi éloignés l’un de l’autre qu’on le pense, c’est-à-dire celui des personnes ne vivant pas avec une déficience intellectuelle et le leur.  

Au contact de ces personnes, l’artiste dit avoir découvert quelque chose de beau chez l’être humain. « Leur optimisme, leur hâte de se retrouver et leur joie de vivre me procurent une immense satisfaction et me donnent foi en l’humanité », confie Jocelyne Caron. Finalement, elle tire autant de plaisir de cette aventure que les participants eux-mêmes. Le résultat de cet atelier avec son groupe représente pour elle une expérience humaine dont devrait profiter toute la communauté. 


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