En juin 2012, les résidents du Village minier de Bourlamaque à Val-d’Or ont reçu une lettre du ministère de la Culture et des Communications indiquant que la Loi sur le patrimoine culturel proposait une nouvelle approche en matière de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel. Par ces modifications, le gouvernement abolissait, dès 2013, l’exemption de taxes accordée aux citoyens habitant un bien culturel. Depuis que le Village minier a été classé «site historique» en 1979, les villageois bénéficiaient d’un allégement de 50 % de certaines taxes municipales, afin qu’ils puissent entretenir adéquatement leurs bâtiments historiques. Les citoyens doivent en effet respecter une série de normes très strictes pour préserver l’apparence d’antan de leurs maisons. L’entretien de maisons en bois rond est dispendieux et demande aussi un investissement en temps de la part des propriétaires.

Isabelle Gosselin, citoyenne engagée, ayant à cœur la préservation du Village minier construit par la Mine Lamaque au milieu des années 1930, est l’initiatrice d’un mouvement citoyen qui souhaite rassembler les villageois au sein d’un comité de quartier. Elle présente le Village comme un lieu où règne un esprit communautaire. «Il y a une belle dynamique sociale qui s’est installée, un sentiment d’appartenance qui fait qu’on a un lien entre nous», explique-t-elle. À la suite d’un appel lancé grâce à un mémo dans les boites aux lettres, près de 15 citoyens se sont sentis préoccupés par les changements imposés par le Ministère, soit le quart du Village minier qui compte une soixantaine d’habitations.

L’objectif du comité de quartier, qui sera composé de citoyens élus, est de faire connaître les répercussions de la modification de la Loi sur le patrimoine culturel sur les résidents et de se faire entendre auprès des élus gouvernementaux et municipaux. Lors d’un Conseil de quartier, en novembre dernier, les inquiétudes des résidents ont trouvé écho auprès des élus municipaux. Puis, Monique Duhaime, la directrice régionale du ministère de la Culture à Rouyn-Noranda, est venue rencontrer les citoyens, afin de répondre à leur questions et d’échanger sur le sujet.

Isabelle Gosselin constate qu’il y a de l’écoute et de l’ouverture du côté du Ministère et de la Ville de Val-d’Or. Le groupe a également fait élire quatre représentants au sein de la Corporation du Village minier de Bourlamaque qui gère entre autres la Cité de l’Or et la maison historique du Village. Pour Isabelle Gosselin, ce sera l’occasion de travailler en collaboration au rayonnement du Village minier, tout en aidant les citoyens à préserver le patrimoine bâti. Les résidents craignent en effet que les contraintes financières mettent en péril la conservation du patrimoine. «Notre préoccupation est de garder le Village site historique et de préserver son apparence 1935», précise Isabelle Gosselin. «Le patrimoine marque le passage du temps. Ici nous sommes une région jeune, donc, le peu d’histoire que nous avons c’est important de la préserver», poursuit la citoyenne impliquée.

En modifiant la Loi sur le patrimoine culturel, le Ministère ne semble pas avoir tenu compte de la spécificité du Village minier de Bourlamaque. On recense très peu de cas similaires au Québec. Les propriétaires ne font pas d’argent avec le patrimoine contrairement à un restaurant dans le Vieux-Montréal.


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