Si, pour certains, le temps est long, en ce qui me concerne, il file à une vitesse fulgurante. Au moment où ce journal sortira des presses, nous aurons déjà entamé la production de l’édition de février, alors qu’on n’a même pas encore passé le temps des fêtes.
C’est la course continuelle : course pour les emplettes de Noël, sprint pour arriver à temps à l’aréna porter le p’tit dernier pour sa partie de hockey, visite éclair à la réunion des parents pour le bulletin de la cadette, randonnée express à l’épicerie. Bref (car il faut l’être), il faudrait plus de minutes, plus de jours, plus de mois dans une année pour arriver à tout faire à temps. À l’ère de la haute-vitesse, c’est assez paradoxal.
J’aurais bien aimé vivre à l’époque où l’ancien calendrier romain ne comptait que 10 mois. Dans ce temps-là, l’année commençait en mars et se terminait en décembre, mois qui tire son origine du latin decem signifiant «dix». Les 61 jours d’hiver ne faisaient alors partie d’aucun mois. On aurait pu se la couler douce ou hiberner. Pourquoi pas? Mais non! Il a fallu que le roi légendaire Numa Pompilius ajoute, en 713 av. J.-C., les mois de janvier et février, étendant l’année à 365 jours. Février, étant le mois qui terminait l’année, jusqu’à ce que l’édit de Charles IX (1564) fasse de janvier celui qui la débuterait. C’est d’ailleurs à cause de ce bon vieux Jules César si on célèbre le Premier de l’an. Janvier ayant été nommé ainsi en l’honneur de Janus, Dieu des portes et des commencements, c’est lui qui a déclaré, en 46 avant notre ère, le 1er janvier jour de l’An.
N’importe! De l’avis des psychologues, janvier serait le mois le plus déprimant de l’année. Pour ma part, il signifiera la continuité du renouveau. Avant de franchir l’année 2013, j’aurai atteint le cap de la cinquantaine, changé de boulot deux fois plutôt qu’une, acheté un nouveau véhicule (d’occasion bien sûr) et vécu probablement les premières affres de la ménopause. Je n’ai pas confirmation claire des raisons des changements physiologiques qui m’affectent n’ayant pas de médecin de famille ni vu de gynéco, mais mon brave compagnon de vie, qui dort du côté de la fenêtre ouverte même en hiver, lui, est convaincu que j’en suis là.
Donc, «J’ai chaud!», comme disait Clémence Desrochers dans un de ses célèbres monologues, et courir à tout bout de champ n’aide pas. Aussi, avant de dire Bye-Bye 2012, une petite pause serait de mise. Pas question de me précipiter pour l’achat de cadeaux ou d’installer des décorations un mois à l’avance, même si j’adore les sapins, les guirlandes et tout ce qui peut enjoliver le quotidien. En cela, je suis l’exemple de mon père.
Chaque année, à l’instar des Celtes qui ont instauré la tradition de décorer un «arbre de vie» au solstice d’hiver, le 24 décembre au matin, c’était la procession familiale dans les bois à la recherche de l’arbre exceptionnel. Nous déambulions dans la neige épaisse, jusqu’au moment où notre paternel déclarait solennellement : «C’est celui-là!». Mais, une fois revenus à la maison, pas question de le décorer dans l’immédiat. Le sapin devait dégeler. Évidemment, pas de sapin à l’avance donc pas de cadeaux à la vue avant le grand moment. Les présents sous l’arbre illuminé se révélaient à nos yeux seulement le 25 au matin. D’ailleurs, il fut une époque, jusqu’à mes six ans, où c’est Saint-Nicolas (Sinterklass en néerlandais) qui venait faire son tour avant que le père Noël, dont la légende urbaine attribue la création à Coca-Cola, ne prenne la relève.
Donc, pour maintenir la magie, les cadeaux apparaissent chez nous par un tour de passe-passe au retour de la messe de minuit, moment où nous avons juste le temps d’apercevoir le traîneau du père Noël s’élever dans le ciel, au son de grelots judicieusement dissimulés dans une de mes poches (mais ça c’est un secret). «Je le vois », jure mon fils. «J’ai vu le nez de Rodolphe». Et, de fait, je voyais aussi le lumignon de ce neuvième renne ajouté à l’attelage, pour des considérations météorologiques, dans un conte publié en 1939 par le poète Robert L. May.
2013 sera l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau. Je souhaite donc qu’on n’en manque pas et que le monde puisse en mettre un peu dans son vin. En effet, la colère gronde et menace l’équilibre planétaire. Saupoudrer un peu de culture dans vos présents ou vos étrennes du jour de l’An (p. 15 à 18) serait ainsi une bonne idée, comme celle de donner la lecture en cadeau (p. 4, 5 et 19) ou même un abonnement au journal. Un cours de guitare, une virée en famille au cinéma ou au théâtre, du bricolage entre amis. Faites-vous plaisir et le plein de souvenirs. Et, excusez-moi à l’avance si je plagie les Miss Monde de la Terre en souhaitant la paix à l’humanité entière. Pour moi-même, la seule chose que je désire, c’est de conserver cette curiosité qui m’anime et ce désir de ne pas trop me prendre au sérieux. D’ailleurs, lorsque nous irons à une partie de hockey de mon fils au Témiscamingue, je ne manquerai pas de lui signaler qu’on doit passer par le vrai village de Noël (Nédelec vient de Nédeleg soit Noël en Breton).
Une petite gigue pour m’éclater. Un demi-tour à droite. Un demi-tour à gauche! Domino les femmes ont chaud!
PS : Et s’il faut que je corrompe ma tante Thérèse pour avoir du sucre à la crème… Eh bien! Que celui qui est sans péché mignon me lance le premier beigne!