S’atteler pour les corvées! Toutes les corvées!!! Celles que nous inventerons pour nous réinventer.


Mais combien serons-nous à y participer? On n’en a aucune idée et personne ne connaît l’ampleur de ce travail de création. On sait juste qu’il faudra être très, très, très nombreux, nombreuses et volontaires pour l’imaginer et le réaliser. L’invitation vient d’être lancée. On fait sonner toutes les cloches, vibrer toutes les sonneries. Une fois à la tâche, on se servira de tous nos outils. Doucement.


Mais les gens ne voudront pas embarquer! Combien serons-nous demain pour prendre part aux corvées? Il doit bien y avoir une réponse? On ne sait pas, ce n’est pasimportant! Peut-être deux, ça sera mieux que seul… Nous sommes tellement tout seuls ici ces temps-ci… Peut-être trois, vingt, quarante. Peut-être légion. Nous nous serrerons les coudes. Nous aurons chaud, ça sera plaisant et il y aura plus de gens à la corvée d’après-demain.


Il ne faudra s’attarder ni aux incrédulités, ni aux trahisons, ni aux abandons, ni aux mensonges. Nous valons bien davantage. Faut commencer par commencer. Il y a de l’ouvrage comme c’est dur à croire. Si on attend après le monde, ça ne débutera jamais.


Danser sur les hurlements des tempêtes. Peindre la lumière, le frimas et les ombres. Aller à notre rencontre. Écrire nos lignes de vie. Sculpter les frontières du hasard. Entendre les mouvements de nos âmes. Se tenir en équilibre avec les saisons. Chanter hors des sentiers balisés. Mordre dans nos éclats de rire. Chuchoter nos envies aux jardins fleuris. Marcher les mains dans les mains. Plonger dans l’incertain. Embrasser les regards scrutant l’horizon. Entendre les concerts migratoires. Mettre nos enfants sur nos épaules et marcher les têtes hautes. Affronter les mauvais vents. Il y a tant et tant à engendrer…


J’entends déjà s’esclaffer les commentateurs des machines à sous télévisées. Je les entends se convaincre que ces mots fous ne mènent à rien… Et bien, si jamais, messieurs les bouffons tristes, le ciel est trop assombri par vos fonds d’écran pour nous insuffler le goût de vivre, si jamais nous nous sentons en fin de « run », le dos au mur de votre gros « fun » noir, nous plongerons au fond de notre désir d’être, remonterons à notre surface et défoncerons votre ciel endeuillé pour voler vers nos voies lactées.


Ce n’est pas une élection qui fait notre œuvre. C’est le cœur, le talent et le travail, jour après jour, note après note, texte après texte, toile après toile, pas à pas, essai après erreur. Ensemble, on a tous les talents et le cœur pour refaire notre monde.


Ne pas s’attarder aux trente jours de politique spectacle qui viennent de nous ramollir les esprits. Nos projets tiennent à bien peu s’ils ne dépendent que de ces résultats. Ils dépendent d’abord de nous, nos projets. On ne se permettra quand même pas d’agir seulement une fois aux quatre ans sacram…! Ça serait de mettre un X sur nos rêves. 


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