Du 31 mars au 20 mai, le peintre Christian Messier propose sa vision d’un monde qui nous semble familier mais qui contient sa part de mystère et une richesse émotive étourdissante : tenez-vous bien, La forêt s’en vient.
Au départ, il y a une œuvre et dans cette œuvre, un monde prend vie à travers les couleurs, la texture, les traits, ce qui y est représenté, les émotions qui s’en dégagent, etc. La forêt, c’est un peu le même concept. Dans la forêt, un arbre pousse, une corneille construit un nid, un renard chasse un lièvre, une perdrix s’envole, le vent fait bouger les branches d’un pin. La forêt toute seule n’existe pas. Christian Messier définissait ainsi ce singulier écosystème lors d’une présentation de l’exposition l’an dernier : « La forêt, c’est le nom qu’a donné l’homme à l’ensemble des événements créés par les arbres et les animaux d’un territoire. Maintenant amenée à l’existence, la forêt ne se contente plus de n’être qu’un simple contenant d’événements. »
C’est à travers près d’une dizaine de tableaux qu’on pourra contempler des êtres mi-hommes mi-bêtes dans des décors d’une obscurité texturée d’une peinture épaisse. Quelques grands formats imprégnants le corps et l’esprit d’un sentiment d’étrangeté plus grand que nature. « Mais la vraie forêt ne se trouve pas via sa représentation, écrit Christian Messier. Devant ces tableaux, la forêt devient l’événement de sa propre venue et nous restons là à l’attendre. Elle s’en vient sans bouger et nous nous enfonçons dedans sans nous en apercevoir. Nous nous perdons dans la forêt qui s’en vient comme nous nous noyons en regardant l’océan. »
Bad Painting de qualité
L’artiste originaire de Québec fait partie de ceux qui pratiquent le « bad painting », courant artistique en réaction à l’art intellectuel, au politically correct. Ce mouvement se caractérise par une facture grossière, très souvent colorée, presque caricaturale, axée sur le langage plastique. Il s’inspire de clichés ou d’œuvres populaires retrouvées dans les poubelles ou les comptoirs familiaux de sous-sols d’église. C’est une peinture qui explore les possibilités d’expressions, un support à l’hyper expressivité avec un humour basé sur l’étrangeté. Dans ce type d’œuvres, les sentiments se vivent dans le ressenti. Sur son site Internet, Christian Messier exprime clairement son intention : « Je veux que l’on garde de mes tableaux une impression plutôt qu’une information, comme quand l’on se rappelle d’un visage, mais pas du nom d’une personne. » \