Pour la première fois depuis trente ans, Liliane Gagnon et Jacques Baril exposeront ensemble leurs œuvres et partageront l’espace du Centre d’art Rotary de La Sarre pour un mois, à compter du 8 décembre prochain, sous le thème Ce destin qui nous réjouit. Ce sera l’occasion de revisiter deux formes d’art visuel qui puisent à la même source mais qui se distinguent dans l’expression.
Toute leur énergie vient de la nature qui les habite entièrement.. La terre, l’eau, l’air, le ciel, il n’est de bonheur sans cet espace par lequel se définir en tant qu’humain. Liliane et Jacques s’y investissent de saison en saison, mais, bien que vivant ensemble, l’art les mène aux antipodes l’un de l’autre. L’une, qui ne s’exprime jamais dans les grandes proportions, crée de sensationnelles œuvres miniatures. L’autre, qui ne s’exprime jamais dans les petites, décroche des 1% d’intégration à l’architecture. Deux visions, deux expressions, le regard dans la même direction.


La végétale et le minéral


L’une est toute en réflexion, en intériorité, la tempérance en promenade au bord de la rivière et bien ancrée dans ce sol qui a porté sa jeunesse et qui garde depuis l’empreinte de ses pas. C’est Liliane : « J’ai été interpellée par l’art actuel, mais je suis issue des arts appliqués et mon style n’est pas porté à dénoncer. Je tente de traduire simplement ce qui m’est propre et intrinsèque. J’ai fini par découvrir, en travaillant la matière qui se présente à moi au fil des jours, que j’étais miniaturiste finalement. Et ça, c’est tout à fait moi. » Entre temps, Liliane jardine à la belle saison et reçoit à sa table une jeunesse volontiers réceptive, charmée par cette ouverture pratiquée au quotidien. Elle sait prêter main-forte à Jacques dans toutes sortes de projets.

L’autre est toujours en mouvement, c’est Jacques le mercurien. Il privilégie l’intensité et le travail avec les jeunes y correspond puisque ce travail exige 100% des capacités. Jacques rencontre plus de six mille jeunes par hiver dans nombre d’écoles pour faire connaître la sculpture sur neige. Il aime le travail des matières métalliques, ce qui est corrodé, comme les machines aux multiples pièces, oubliées avec le temps qui avale les métiers traditionnels comme la terre avale à la longue ces engins. Il s’évertue à les faire parler à nouveau, à leur faire dire à quelle vitesse se fait la fuite en avant de cette humanité. « L’inspiration vient en travaillant, dit-il, elle est issue du travail. On cherche toujours à créer l’œuvre ultime, celle qui nous libérera, qui effacera cette soif de créer… c’est une chance qu’on n’y arrive jamais! »


Ce destin qui nous réjouit… Pourquoi ce titre à leur exposition? « Parce que quoi qu’il arrive, nous serons contents », expliquent-ils. Voilà sans aucun doute un témoignage de totale confiance en l’avenir de la planète et en l’humanité.


Auteur/trice

Chroniqueuse autodidacte pour L'Indice bohémien et pour le Journal Le Pont de Palmarolle. Les sujets couverts touchent, entre autres, l'actualité, la lecture, le jardinage, le végétarisme, l'interprétation de l'objet patrimonial, les arts visuels, le portrait, l'amour de la nature et de la culture. Prix de l'AMECQ 2019 pour la meilleure chronique Notre région a cent ans.