Du 17 mars au 22 avril prochain, des créations de huit artistes d’ici seront exposées en France dans le cadre de la 9e Biennale de livres d’artistes d’Arras, dans le Nord-Pas-de-Calais. Cette participation de créateurs d’ici fait suite à une formation offerte à l’Atelier les mille feuilles à l’occasion de la résidence d’artiste du Français Luc Brévart, qui était de passage en région l’an dernier avec son exposition Terra incognita : sur les trace De Troyes, qui relatait l’expédition du chevalier de Troyes vers la baie James.

  

Le livre d’artiste est un ouvrage créé ou transformé par un créateur, qui en fait un objet d’art qui peut être unique ou reproduit en très peu d’exemplaires. Cette discipline intègre une variété de techniques allant de la peinture à la sculpture en passant par l’estampe, et peut faire appel à tous les matériaux imaginables.

   

Céline J. Dallaire, vice-présidente de l’Atelier les mille feuilles, a participé à cette expérience singulière. « Il s’agit d’une retombée directe de la résidence de Luc Brévart, explique-t-elle. Dans nos résidences, on demande aux artistes de donner des conférences et d’offrir des formations. » Fait à noter : la formation offerte par M. Brévart était théorique, mais assez accrocheuse pour donner à un groupe d’artistes (qui inclut également Danielle Boutin-Turgeon, Brigitte Gagnon, Karine Hébert, Marie-Kim Landriault, Micheline Plante et Martine Savard) l’envie de produire un livre d’artiste de leur cru.

  

Réécrire

  

Membre de l’Atelier les mille feuilles, Danielle Boutin-Turgeon n’en était pas à son premier livre d’artiste, elle qui a fait paraître Malartic aller-retour l’an dernier. Mais cette fois-ci, elle devait travailler à partir d’un ouvrage choisi parmi une pile de bouquins usagés. C’est ainsi que La philosophie morale est devenu Toc toc toc, qui est là? « J’ai choisi ce livre parce qu’il n’avait jamais été lu : les pages n’avaient même pas été coupées », explique-t-elle.

   

Elle a choisi de ne pas tenir compte du sujet de l’ouvrage ni des mots qu’il contenait, et de se concentrer sur la matière, soit le papier. Chaque feuillet replié a été orné d’une petite porte; une fois déplié, on découvre une estampe représentant sa perception du travail des autres artistes participantes. Elle a donc étudié la démarche de chacune et utilisé un bout de leur livre ou une photo d’elles pour inspirer ses gravures. « Pour représenter le travail sur la féminité de Karine Hébert, j’ai illustré des baisers, alors que pour Martine Savard, j’ai élaboré à partir des tatouages qu’elle a sur le bras », relate l’artiste originaire de Malartic, qui affirme qu’elle répèterait volontiers l’expérience. « J’ai déjà d’autres idées! », s’exclame celle qui expose en ce moment à la MRC de la Vallée-de-l’Or.

  

L’échange avec Arras ne s’arrête pas là: le président de l’Atelier les mille feuilles, l’ancien maire de Rouyn-Noranda Jean-Claude Beauchemin, a été invité à faire partie du jury de cette biennale internationale. 


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