L’existoire c’est l’existence, l’histoire, l’exutoire, l’ex et bien plus encore. L’existoire c’est aussi le dernier album de Richard Desjardins, c’est la terminologie que celui-ci a inventé pour nommer sa dernière création. «Je ne sais pas ce que c’est, je cherche encore, mais il nous fallait un nom de travail et c’est ce qui représentait le mieux les pièces de l’album », explique candidement le poète abitibien.

Après sept ans de travail tranquille, Desjardins a confié une dizaine de chansons au guitariste qui l’accompagnait pendant la tournée Kanasuta. « Claude Fradette, c’est le maître d’oeuvre de l’orchestration de cet album. Il a une grande connaissance de la musique Nord-Américaine, je savais que je pouvais changer de style comme je le voulais, on se comprenait, on avait fait au moins 150 shows ensemble. » Le réalisateur a ainsi travaillé le son des quatorze pièces de L’existoire, y ajoutant de nombreux instruments, des choeurs, des sonorités country, celtique, latine, blues, folk et traditionnelle.

«C’est un album plus musical que les autres. Fradette m’a demandé si j’avais une pièce que je voulais enregistrer, et j’ai pensé à un quatuor à cordes que j’ai écrit il y a 20 ans pour un film. J’avais travaillé tout un hiver dessus, puis le film est resté à l’affiche environ deux soirs. Ça m’est resté depuis.» Ce qui se traduit en La Nuit avec Hortense, une des quatre pièces instrumentales de l’album.

Les voyages forment la musique

Lorsqu’il parle des pièces de sa dernière création, Richard Desjardins raconte des histoires: de rencontres, de voyages et de stupidités. «J’écris encore des chansons colonnes », dit-il à la blague. Des chansons acides sur ceux qui se ne se préoccupent pas de l’environnement tout en prêchant le capitalisme (Développement durable), ou sur le bonheur recherché entre « une caisse de bière volée [et] un chalet défoncé » (Roger Guntacker).

L’existoire, c’est aussi des souvenirs d’un voyage en Irlande (Atlantique Nord) sur le pouce, en plein coeur de Belfast en 1974, en pleine guerre civile. « C’est un peu stressant quand tu te rends compte que dans ton passeport c’est écrit que tu es catho », blague le chanteur. C’est l’émerveillement devant la mer, la première fois que le l’Abitibien des terres à vu cette immense masse bleue, à 22 ans, lors d’un été de camping sur le bord d’une falaise à l’Île-du-Prince-Édouard. C’est aussi un séjour dans un village de pirates (Los Ayala) au Mexique. C’est une rencontre avec Elisapie Isaac, qui lui a demandé de lui écrire un texte sur ces femmes qui rêvent d’un amour avec un blanc afin de se sortir de leur réserve, ce qui gène beaucoup les ainés des communautés (Elsie). Et puis c’est une reprise d’une chanson du témiscamien Mario Peluso (Sur son épaule). «C’est la première fois que je reprends une chanson. J’étais stressé, je voulais qu’il soit content de la version. On a ajouté quelques affaires pour l’impressionner et que pense que ça a marché. » C’est aussi… Un voyage au coeur de l’univers de Desjardins… son existoire, quoi.

Sur scène

Il reste maintenant à transposer le tout sur scène. «On sait pas encore comment ça va se transposer en spectacle, c’est certain qu’on ne fera pas le show à quinze, mais possiblement avec des multi-instrumentistes. On va aller dans des zones où on ne peut pas aller avec un orchestre rock. Mais c’est pas encore fait! » Entre temps, Richard Desjardins donnera quelques concerts en version symphonique au Québec ou seul avec sa guitare en France, et mettera la touche finale au documentaire sur le mines, Trou Story, auquel il travaille avec Robert Monderie.


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