En 1999, le Québec se donnait comme objectif de protéger 8% de son territoire. Le 16 décembre dernier, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) annonçait que la cible était atteinte, et le gouvernement vise maintenant 12,5% du territoire d’ici 2015. Selon les écologistes, il semble qu’on ne peut pour autant crier victoire, et qu’il reste du chemin à parcourir – et à protéger – avant que les gens d’ici aient un véritable accès à des secteurs où la biodiversité sera sauvegardée.

Le chiffre donne un peu le vertige : 136 063 km2, soit l’équivalent de la superficie de la Belgique, de la Suisse et du Sri Lanka… réunies. Voilà ce que représente ce 8,16% du territoire québécois protégé. Le MDDEP classe ces espaces en 23 catégories allant de l’Écosystème forestier exceptionnel au Parc national, en passant par les Milieux marins protégés et les Colonies d’oiseaux en falaise. Par contre, 75% des aires protégées se trouve en région boréale.

« Au nord, on dépasse le 12 % [du territoire] car c’est naturellement plus facile là-bas, ça ne dérange personne », explique le président de l’Action boréale de l’Abitibi-Témiscamingue (ABAT), Henri Jacob. « Il faut pourtant que les aires protégées soient proche de la population, car on doit sensibiliser les gens à l’importance de préserver les milieux naturels et c’est plus facile de le faire quand ils y ont accès. »

En Abitibi-Témiscamingue c’est seulement 6,8% du territoire qui est protégé par le MDDEP. La région compte présentement neuf réserves de biodiversité (Forêt Piché-Lemoine, lacs Vaudrey et Joannès, lac des Quinze, Marais du lac Parent…), une réserve aquatique (Haute Harricana), huit réserves écologiques (Caribous-de-Jourdan, Chicobi, des Vieux-arbres…), une réserve écologique protégée (Ruisseau-Clinchamp), une réserve naturelle en milieu privé (marais-Kergus) et un habitat floristique (Île-Brisseau).

La difficulté principale de la région réside dans la proportion du territoire sous revendication minière (claim). «Ici, il va falloir des concessions du secteur minier et une intervention du gouvernement, car un des gros problème qu’on a c’est qu’on est sur-claimé. ». Pour atteindre 12,5% en région, le MDDEP projète d’agrandir les aires déjà en place, et pour ce faire il devra tout d’abord négocier le territoire avec les minières et les prospecteurs.

Ces espaces protégés, en plus d’être des terrains de jeux pour les amateurs de plein air, serviront aussi d’espaces témoins de ce que peut être la nature sans intervention humaine. «On ne fait pas juste protéger le territoire pour le fun de le protéger, on le fait surtout pour rendre service, ajoute le président de l’ABAT. Ce sont des espaces qui, plus tard, vont nous en dire beaucoup sur l’évolution naturelle des habitats et nous aideront dans notre gestion des ressources. »


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