Yohan Gingras est le secret le mieux gardé au Témiscamingue. Ce designer graphique, hautement apprécié par ses pairs de partout dans le monde, concocte les sites web de gros canons du cinéma américain. Ainsi, ceux de Black Swan et de 127 hours, ses plus récentes réalisations, peuvent se classer dans la catégorie « produits régionaux ». Car celui qui se laisse inspirer ces jours-ci par l’univers de Captain America pour un client de Los Angeles travaille de son appartement sur la rue Principale… à Lorrainville.
Il y a une quinzaine d’années, Yohan fait le pari de mettre ses études en veilleuse pour se plonger à fond dans ce qui le captive profondément: le traitement de l’image et du son. Quand il installe sur son ordinateur pour la toute première fois le logiciel Photoshop, c’est une révélation! Complètement accroc, il investit une quantité spectaculaire d’heures pour s’approprier l’univers naissant du multimédia. Nous sommes au milieu des années 1990 et tout est encore à faire et à créer.
Septembre 1997: il se dote, pour la toute première fois, d’une adresse sur la toile, evilpupil.com. Il y propose un monde interactif dans lequel le joueur doit découvrir les codes qui lui permettront de passer au niveau suivant. C’est cette idée qui le met virtuellement au monde : à certains moments, on enregistre 5000 clics par jour sur son site, et 15 000 courriels lui seront acheminés. Cela lui permet alors de créer des liens avec d’autres cracks du multimédia. Se forme alors une alliance avec un designer web du Luxembourg et un autre du Brésil. Le trio mettra en ligne Surfstation.lu, un magazine sur le design graphique qui connaît aussi un grand succès auprès des initiés.
California Dreamin’
À la fin de l’été 2001, le travail de Yohan Gingras est remarqué par des employeurs de Los Angeles. Il reçoit un coup de fil d’une entrepreneure qui pressent que l’industrie du cinéma s’appropriera encore plus intensément le potentiel du web. La polyvalence de Yohan la convainc de lui offrir un poste chez 65 Media. Un mois plus tard, il passe les douanes avec un anglais boiteux et des idées solides. Pendant les années passées là-bas, il trime sur les sites de plusieurs longs métrages à succès : Signs, The Pianist, The Hours, The Ruins…Grâce à ses contacts, il élabore le logo du Sunset Strip Music Festival qui se tient chaque année à L.A. Pendant l’événement, alors qu’il descend la célèbre rue, son logo habille tous les environs… ce qui fera dire à Yohan : «Ouin ben, c’est un gars du Témis qui est venu beurrer L.A. »
Depuis quelques années, Yohan se promène des deux côtés de la frontière pour gagner sa croûte. Quand il est ici, les courriels et Skype lui permettent de continuer à livrer la marchandise pour nos voisins américains. Ses projets d’avenir? Le destin ne l’a pas trop mal mené jusqu’à présent, alors rien ne sert d’ébaucher des plans trop détaillés; il continue de « surfer ».