Ce numéro de décembre vient clore une année qui a été des plus fructueuses sur le plan culturel, et pour L’Indice bohémien par ricochet. À mon deuxième tour de roue à la rédaction du journal, je suis à même de constater à quel point ce journal est un train qui file à très grande vitesse, tant la matière est abondante, diversifiée et intéressante. La cadence est soutenue et les arrêts en gare sont brefs, mais le voyage est captivant.
Je veux rendre hommage à cette formidable équipe de bénévoles, à la rédaction, à la correction et à la distribution, sans qui il serait impossible de livrer, chaque mois, 24 ou 32 pages de nouvelles culturelles. Ce sont 34 personnes qui ont mis l’épaule à la roue pour préparer cette édition; c’est une grande salle de rédaction, décentralisée et efficace. Ces collaboratrices et collaborateurs sont curieux, vaillants, allumés et ils plongent dans leurs sujets avec gourmandise. Plusieurs appartiennent à la génération Y, ils ont à peine trente ans. On entend souvent dire que les jeunes ne savent plus écrire, mais, croyez-moi, ceux et celles qui le font pour L’Indice bohémien ont la plume vive et articulée, même si le journalisme n’est pas leur premier métier.
Notre plus jeune collaboratrice a 9 ans, elle s’appelle Charlotte, elle raffole des livres depuis qu’elle est toute petite. Chaque semaine, elle dévore deux ou trois romans jeunesse, en plus des livres qu’elle lit à ses deux jeunes sœurs. Amoureuse des mots et des histoires, elle adore écrire et elle rédige ici sa première chronique consacrée à la littérature jeunesse. Nous sommes très heureux de lui offrir un espace, intitulé Les livres de Charlotte, où elle pourra donner libre cours à son talent et à sa passion, en même temps qu’elle pourra communiquer à d’autres enfants ses plus belles découvertes de lecture.
La matière première de ce journal, ce sont les mots. Mon plus grand plaisir en tant que rédactrice en chef, c’est celui de la première lecture, bien avant que le journal ne prenne forme. Et, aussi, de savoir que nous allons partager le contenu de tous ces articles avec vous, nos lecteurs. Chaque texte est un cadeau que je déballe avec empressement, curieuse de découvrir ce qu’il va me révéler sur l’une ou l’autre des facettes de l’actualité culturelle. Dans ce numéro, le livre et la lecture, entre autres sujets, sont célébrés à plus d’un titre. Par exemple, quand le métier de libraire est exercé de manière inspirée, que l’artisane qui pratique la reliure aime le livre de A à Z ou qu’on se remémore l’œuvre abitibienne de Bernard Clavel. En plus de toutes ces suggestions de lecture que vous y trouverez.
On ne le dira jamais assez, la lecture est un ingrédient fondamental de la réussite, à l’école comme dans la vie en général. Toutes les études le démontrent, l’éveil au monde des mots, dès les premiers mois de la vie, est un facteur déterminant pour l’avenir des enfants. Et c’est encore plus vrai dans les milieux défavorisés. Les chiffres à cet effet sonnent l’alarme : les enfants des milieux défavorisés prennent le chemin de l’école avec beaucoup moins d’heures de lecture partagée que ceux issus des familles de classe moyenne, jusqu’à 2000 heures dans certains cas. Imaginons le décalage que ces petits doivent affronter dès l’instant où ils s’assoient sur un banc d’école.
C’est notre responsabilité collective en regard de la valorisation de la lecture qui doit nous interpeler en s’exerçant partout, dans la famille, à la garderie, à l’école et dans tous les lieux de la communauté que fréquentent les petits. Que nous soyons parents, grands-parents, oncles, tantes, gardiennes ou amis, nous pouvons tous agir pour éveiller les enfants au monde de l’écrit : lire une histoire à voix haute, tendre un crayon pour dessiner, laisser des livres bien à la vue, inscrire son enfant à la bibliothèque (sans frais bien souvent), aménager des coins de lecture, dans les lieux privés comme publics. La vie quotidienne nous fournit une multitude d’occasions, souvent faites de gestes simples, d’initier les petits à ce langage qui éveillera leur curiosité, développera leur imaginaire et leur donnera le goût d’apprendre.
J’aime penser que chaque enfant, peu importe le milieu dans lequel il grandit, peut avoir accès à la découverte, au savoir et à la douce influence des émotions ressenties et exprimées. Faisons de la lecture une chose à la fois sacrée mais accessible, amusante mais importante, qui instruit sans être un devoir. Mais un plaisir, un énorme plaisir. Le livre, objet aussi léger que précieux, donne accès à tous ces trésors : qu’on le donne en cadeau, qu’on le fasse circuler, qu’on le partage généreusement.
L’équipe de L’Indice bohémien vous souhaite des fêtes de Noël remplies de sérénité et de belles heures qui s’écouleront doucement entre les pages et les mots des livres.