Qu’est-ce qu’il y a de plus réconfortant qu’une bonne cuisine maison? Il est vrai que c’est apaisant et rassurant. Par contre, c’est parfois ennuyant. Quelle est l’obligation d’associer « cuisine maison » à l’ennuyeuse dinde et à la platonique lasagne? Il faudrait sans aucun doute redéfinir le terme « cuisine maison » ne veut-il pas dire, après tout, convivial et délectable?
Le restaurant François, de Rouyn-Noranda, semble bien emboîter le pas dans la redéfinition de la cuisine maison. Ancien chef propriétaire du Crêpe Chignon, François a ouvert le restaurant à son nom au cours de l’été dernier. La rumeur abitibienne s’est répandue tel un arôme de café au petit matin. Sans feu d’artifice et sans cérémonie, François est un restaurant très convivial. Le mobilier dépareillé et l’endroit aux allures usées font en sorte que nous nous sentons comme à la maison. La familiarité y est omniprésente, même au cœur du personnel. Tous sont à leur aise, un peu trop parfois. Est-ce une maladresse du service à la clientèle ou l’ardeur de leur dévotion? Tout compte fait, là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.
Pas que des crêpes
Déjà connu pour son choix exhaustif de crêpes, François se permet aujourd’hui d’élargir son éventail et ainsi offrir un menu à l’ardoise composé de poisson, canard ou autres. Vous avez donc le choix entre des crêpes de toutes sortes, quelques baguettes, des salades diverses, un bel et large amalgame d’entrées ou l’ardoise du jour. Dommage que la carte des vins ne soit pas aussi diversifiée que le menu ; seulement quelques bouteilles y figurent, toutes semblables les unes aux autres. Ma curiosité s’attarde donc à l’entrée d’escargot bacon, bleuets et fromage bleu, tandis que Stand choisit les crevettes flambées au cognac. La présentation des entrées est à l’image du resto : sans artifice. Par contre, le goût est sans aucun doute au rendez-vous, ma bouche est envahie par la saveur boisée du croisement de bleuets et de bacon avec une finale subtile de bleu. Enfin, les escargots à l’ail peuvent rentrer chez eux! Les crevettes, pour leur part, révèlent une saveur de poivrons grillés avec une légère acidité d’alcool brun rehaussée de fromage feta : un vrai délice. Il est toutefois inutile d’accompagner le tout avec du riz : il n’est pas tape à l’œil et quoique très bon, il n’est pas mangé. Mon effervescence se calme lors du repas principal; la crêpe poulet, poire, amande, brie et sauce aux champignons n’explose pas de saveur. Il est par ailleurs difficile de manger la crêpe, les morceaux de poulet sont trop imposants et un peu secs. Seulement un petit coin de verdure accompagne la crêpe, ce qui n’est pas suffisant, puisque la vinaigrette est complètement enivrante. La cuisse de canard confite et la salade César de Stand sont classiques, sans prétention et parfaites. Le canard goûte le canard à l’état pur. Le confit d’oignon accompagnant celui-ci est délicieux et la salade César cent pour cent maison. Un seul mot demeure à mon esprit en ce qui concerne le dessert (tartelette au sucre et fromage brie) : WOW!
Il n’est pas nécessaire de mettre vos beaux habits et la bijouterie qui s’y rattache pour un souper au restaurant François : une dose d’ouverture et une autre de curiosité suffisent. Laissez à la maison les attentes des grandes manières froides du professionnalisme hôtelier et faites comme chez vous. Pas d’artifice pour le paraître; chez François, le travail est fait pour les papilles. Allez, gourmets, laissez-vous tenter par la populaire poutine au canard confit et sauce aux poivres.