« Tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours – de poésie, jamais. » Quand on sait à quel point les recueils de poésie pour enfants sont rares, ces mots de Charles Baudelaire font frémir. Deux artistes d’ici ont décidé d’unir leurs forces pour remédier à cette situation.  Le fruit de leurs efforts, intitulé Mon chef c’est mon cœur, sera disponible en librairie dès novembre.

La rencontre de Sonia Cotten et Karine Hébert dans un atelier de théâtre au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue est déterminante, mais la vie sépare les amies et leurs chemins ne se croiseront à nouveau que dix ans plus tard. Entre-temps, Sonia a publié deux recueils de poésie (pour adultes ceux-là) : Changer le Bronx en or (Les Intouchables, 2002) et Nique à feu (Poètes de brousse, 2006). Karine, elle, s’illustre en arts visuels. Forte de sa formation en peinture et en arts plastiques de l’UQAT, elle a présenté plusieurs projets performatifs à L’Écart… lieu d’art actuel, en plus de ses deux participations aux expositions Repérage, Collection Loto-Québec, en 2006 et en 2008.  C’est en discutant avec Sonia de son expérience d’illustratrice pour les deux livres écrits par sa fille Odély, Le renne au nez bleu (Z’ailées, 2007) et La fée Flocon (Z’ailées, 2008),  que germe l’idée audacieuse de produire le premier recueil de poésie pour enfants illustré et édité en région. Il n’en fallait pas plus pour lancer ces deux femmes d’action !

Elles soumettent le projet au Fonds dédié aux arts et aux lettres de l’Abitibi-Témiscamingue à l’automne 2008. La réponse − positive ! − arrive en mars. S’amorce alors une démarche de création « riche et nourrissante », selon Karine.  Si Sonia puise dans son imagination et retient les suggestions de son entourage et de sa partenaire, elle s’inspire aussi de rencontres avec une thérapeute pour enfants afin d’écrire des poèmes touchants de vérité. « Cet exercice-là, affirme la poétesse, a été pour moi grandiose ! C’est ma plus belle expérience d’écriture à vie » !

Textes en main, Karine se met au travail. Cette grande lectrice de livres illustrés pour enfants cherche à donner une iconographie spécifique à chaque poème, tant par le choix de la matière que par la gestuelle. Certaines illustrations nécessitent plusieurs esquisses, d’autres s’imposent d’emblée. Karine dessine surtout au moyen de la plume, de l’encre de chine et du pastel à l’huile. Au total, elle crée vingt-cinq illustrations qui vont droit au cœur ! Sonia se rappelle avoir été émue aux larmes en voyant pour la première fois certaines d’entre-elles.

C’est en juin que les deux artistes soumettent enfin leur travail aux Éditions Z’ailées de Ville-Marie, leur partenaire dans cette aventure unique. La suite ? Un lancement en cinq temps dans les bibliothèques municipales de la région, où la lecture des poèmes sera animée par la présentation des illustrations originales. Décidément, Sonia Cotten et Karine Hébert ont conservé leur cœur d’enfant !  

Photos: Sonia Cotten et Karine Hébert

Crédit: Cyclopes

Vignette: La poétesse Sonia Cotten et l’illustratrice Karine Hébert: deux artistes, un même regard


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