Depuis deux étés successifs, le Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue (CREAT) mène des inventaires d’engoulevent bois-pourri dans le secteur périurbain de Rouyn-Noranda afin d’en connaître davantage sur sa présence ici.

Ces inventaires, réalisés en 2018 et 2019 grâce à la participation d’ornithologues bénévoles de la Société du loisir ornithologique de l’Abitibi (SLOA), ont permis de recueillir 24 observations d’individus dans un rayon de quelques kilomètres autour du centre-ville de Rouyn-Noranda.

INTÉRÊT POUR L’ESPÈCE

L’engoulevent bois-pourri est un oiseau encore méconnu et pour cause : son plumage peut être confondu avec les feuilles de son environnement et bien que son chant soit caractéristique, il est surtout actif à l’aube et au crépuscule. Même si l’Abitibi-Témiscamingue est située au nord de son aire de répartition, l’espèce a été observée dans le secteur de Rouyn-Noranda. L’engoulevent bois-pourri est classé au Québec comme susceptible d’être désigné menacé ou vulnérable alors qu’il est considéré comme une espèce menacée au fédéral.

SON IMPORTANCE POUR L’ÊTRE HUMAIN

D’un point de vue culturel, l’engoulevent bois-pourri est cité dans plusieurs films, chansons, livres et poèmes. Son chant sonore et répétitif le rend mystérieux aux oreilles humaines. C’est d’ailleurs grâce à ce même chant qu’on a pu repérer sa présence sur le territoire de Rouyn-Noranda. Finalement, il cohabite avec l’humain depuis des millénaires, il est donc devenu un symbole de la vie rurale au fil du temps.

Il est par ailleurs un redoutable consommateur d’insectes. En effet, comme disait le Frère Wilfrid Gaboriault en 1959 dans un numéro de la revue Le jeune naturaliste, « de tous nos oiseaux, c’est d’emblée le recordman des mangeurs d’insectes ».

MENACES

L’engoulevent bois-pourri fait partie d’un groupe d’oiseaux insectivores qui s’alimente en vol et qui comprend les martinets et les hirondelles. En l’espace d’une décennie, ces oiseaux insectivores ont subi un important déclin de leur population en Amérique du Nord.

Selon les scientifiques, cette diminution rapide de la population d’engoulevent bois-pourri pourrait s’expliquer par le déclin des populations d’insectes, causé par les pesticides. D’autres hypothèses soutiennent que les changements climatiques pourraient désynchroniser la migration des insectes et des engoulevents bois-pourri.

Malheureusement, plusieurs activités anthropiques menacent cette espèce. Dans la région, les activités minières et forestières ainsi que le développement urbain contribuent à la perturbation et la perte de l’habitat essentiel de l’engoulevent bois-pourri. Le CREAT sensibilisera les acteurs concernés sur des mesures à adopter pour favoriser la conservation et la présence de l’espèce dans nos forêts. Cependant, pour améliorer l’efficacité de la gestion de l’espèce par des méthodes de protection et de conservation, d’autres études devront être réalisées afin de mieux connaître son habitat essentiel et les raisons comportementales qui le poussent à nicher dans la région.