J’ai été surpris, vous le serez peut-être aussi, d’apprendre que le 19 novembre se tient la Journée internationale des hommes. Depuis 1997. Ça passe sous silence, cette date-là. Contrairement au 8 mars, celle des femmes : pas d’affiches dans les écoles, pas de processions, pas de slogans, pas de Françoise David, ni de ministre ou de représentante d’organismes subventionnés. Est-ce à dire que les hommes n’ont pas besoin de leur journée ? Qu’ils n’ont pas à lutter contre certaines discriminations ou difficultés de santé, tant physiques que psychologiques ?

Au contraire. Et les chiffres le prouvent. Comme ça, en vrac :

  • 75 % des itinérants sont des hommes
  • Leur taux de suicide est trois fois plus élevé
  • Les deux seules maisons au Québec pour hommes victimes de violence conjugale et pères en détresse ne reçoivent aucune subvention de l’État
  • 11 % moins d’hommes sont diplômés à 24 ans
  • 4 % des hommes sont victimes de violence conjugale. Un chiffre semblable aux femmes, selon Statistique Canada.

De vrais problèmes, que Gilles Rondeau avait analysés avec son groupe : « Les préjugés sont tenaces et les difficultés vécues par les hommes sont souvent mésestimées ou ignorées. » En 2004. Un rapport sérieux, mais aussitôt tabletté par le gouvernement. Au grand soulagement d’ailleurs de groupes de femmes de toutes sortes. Allez lire sur le site Sisyphe, tapez Rondeau. Le verdict : les hommes s’inventent des problèmes :

 Les auteurs transforment des discours en « réalités » et des revendications en « besoins ». À force de répéter de fausses évidences émerge une problématique de « condition masculine ». C’est la prophétie créatrice.

Il n’y a donc pas de « condition masculine ». C’est une vue de l’esprit, un mirage, à coups de statistiques tronquées et de mauvaises interprétations des faits. Il n’y a que des hommes irresponsables, lâches, qui ne savent pas demander de l’aide.

Comme si les gars avaient le monopole de la victimite ! C’est le discours nouveau de plusieurs lobbys féministes. Pour eux, ça marche ! Sortez une statistique, souvent remise en question, comme « une femme sur trois est victime de violence », et vous aurez tout un système d’aide à l’échelle du Québec. C’est le désert pour les hommes en détresse ! Peu de filles se tournent vers des métiers dits masculins ? Faisons un concours scolaire ! Mais rien n’est fait pour attirer les hommes dans l’enseignement ou les soins hospitaliers. Les grands conseils d’administration et les gouvernements sont majoritairement masculins ? Sortons des cartons l’idée de la parité, inversons la discrimination (nous l’appellerons positive pour l’occasion), mais ne la proposons pas pour l’armée, les mines ou la pêche en haute mer !

On peut ironiser jusqu’à demain, mais il reste qu’une véritable politique d’égalité, c’est s’attaquer à la fois aux problèmes des femmes ET des hommes. Et sortir des schémas binaires victimes-oppresseurs, ou opprimés-privilégiés. L’égalité n’a pas de sexe. \


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.