Vincent Bélanger, étudiant au baccalauréat en création et nouveaux médias à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) et Solène Anson, étudiante française en échange au sein même programme ont récemment reçu le prix PoliDoc 2020 pour leur documentaire Derrière les frontières. Le film d’une vingtaine de minutes brosse le portrait de cinq personnes ayant décidé d’immigrer au Québec. Ils sont Camerounais, Algérien, Colombien, Français ou Haïtien, et occupent la fonction de professeur, médecin, étudiant, mineur ou programmeur. Ils sont venus chercher dans la « belle province » quelque chose qu’ils ne pouvaient trouver chez eux. Le documentaire porte également une saveur régionale puisque quatre de ses protagonistes sont établis en Abitibi-Témiscamingue.

UNE RÉFLEXION NÉCESSAIRE

Plus qu’un assemblage de témoignages, le documentaire est aussi un prétexte pour réfléchir à la relation paradoxale qu’entretient le Québec avec ses immigrants. Dans une province aux prises avec un vieillissement de la population et une pénurie de main-d’œuvre, quels sont les impacts de la Loi sur la laïcité de l’État (Loi 21), de la montée de la droite identitaire, des changements récents dans les politiques d’immigration ou de la difficulté de reconnaissance des acquis sur ces nouveaux arrivants? Derrière les frontières, c’est également le regard nouveau d’étrangers qui ont appris à connaître notre culture et nos structures sociales. Les réalisateurs soulignent que si le film porte ce titre,c’est parce que les interlocuteurs avouent généralement n’avoir réellement compris la réalité de notre province qu’une fois leurs valises posées en sol québécois.

DE PROJET ÉTUDIANT À FILM PROFESSIONNEL

Le prix PoliDoc 2020 est remis par le Centre pour l’étude de la citoyenneté démocratique (CÉCD) et le Consortium de la démocratie électoral (C-DEM). Le projet de Vincent Bélanger et de Solène Anson s’est réellement démarqué puisqu’il a été sélectionné parmi des synopsis provenant des cégeps et des programmes universitaires de premier cycle de l’ensemble du Québec. Il a permis non seulement aux jeunes documentaristes de toucher une bourse pour réaliser leur film, mais également de profiter du mentorat d’une équipe de professionnels dans le domaine qui les ont guidés tout au long de leur processus. Ainsi, le film qui devait au départ être un travail extrascolaire s’est transformé en un documentaire professionnel.

Pour la suite des choses, Vincent s’apprête à entrer dans le monde du travail à la fin de son parcours scolaire. Solène, elle, compte poursuivre ses études afin de devenir journaliste. Les deux veulent néanmoins continuer à explorer le champ du documentaire. Cette récente distinction est à leur avis un pas dans la bonne direction.

Le documentaire Derrière les frontières sera présenté en septembre prochain au Cinéma du Parc à Montréal dans le cadre de la Semaine de la Démocratie. Les réalisateurs souhaitent également faire profiter les Abitibiens de leur réalisation à l’automne prochain. Surveillez le calendrier culturel de L’Indice bohémien.


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