C’est à un questionnement philosophique sur la surconsommation et l’accumulation d’objets auquel nous convie cet été la directrice du Centre d’exposition de Val-d’Or, Carmelle Adam. Les expositions dont elle est commissaire et qui laissent transparaître le schème de la déconstruction, une philosophie développée par Jacques Derrida, se divisent en deux : Au crépuscule des idoles, par Katia Martel et Marc Boutin, artistes d’Obaska et Au-delà de cette construction par Marie-Claude Drolet, Mathilde Leveau et Loriane Thibodeau de Québec. Roger Wylde, artiste autochtone de Pikogan, exposera également des peaux qu’il aura tannées pendant une semaine de résidence en juin.

LA DÉCONSTRUCTION, THÈME GÉNÉRAL

Dans les deux expositions, l’argile est intégrée, non pas en tant que matière mythologique liée à l’origine de la forme matérielle du corps, explique Mme Adam, mais comme le matériau de tous les possibles. La création in situ est abordée comme un laboratoire. Ces expositions offrent des espaces de réflexion sur l’accumulation qui nous permettent de mieux saisir notre rapport à la société de consommation. Pourquoi a-t-on besoin de s’entourer d’autant d’objets? Tout le monde est touché par la surconsommation et on ne sait pas comment s’en sortir. Le Centre d’exposition est un lieu qui veut susciter le questionnement, nous dit Mme Adam.

 

AU-DELÀ DE CETTE CONSTRUCTION

Dans cette exposition, on retrouve plus particulièrement la somme de trois démarches, cristallisant le travail des trois artistes autour de l’argile. « Loriane Thibodeau investit l’espace par de vastes installations dans lesquelles des urnes funéraires et des objets hétéroclites sont partiellement recouverts d’argile crue. Mathilde Leveau échafaude de hautes structures composées de modules d’argile crue (poutres porteuses, parpaings). Les grands dessins de Marie-Claude Drolet sont inspirés de ses délicates sculptures qui dévoilent le vide laissé par diverses matières combustibles (cordes nouées, papier, fibres) au sein de frêles coques d’argile », précise madame Adam.

 

AU CRÉPUSCULE DES IDOLES

Il s’agit d’une exposition composée d’objets commerciaux, de bibelots achetés dans les brocantes et de dons reçus par les citoyens. Marc Boutin explique qu’il existe une tension entre les bibelots accumulés et le marteau exposé qui pourrait les détruire. Le fait que les bibelots soient si fragiles engendre un stress. Le titre de l’exposition fait directement référence à l’œuvre Crépuscule des idoles ou comment on philosophe avec un marteau du philosophe Friedrich Nietzsche. Nos idoles sont des objets, mais on glisse de plus en plus dans l’immatériel avec la dématérialisation des photos, des médias, etc.

PREMIÈRES NATIONS

Après avoir effectué sa résidence au Centre d’exposition, pour des raisons pratiques, Roger Wylde a effectué le tannage de ses peaux au Centre Kinawit du 12 au 18 juin. Il exposera le fruit de son travail au Centre d’exposition jusqu’au 25 août. « Le tannage ou le travail du cuir fait partie d’une pratique essentielle de ma culture, qui est en danger de disparaître, affirme M. Wylde. Il est une pierre angulaire des activités traditionnelles et trouve sa place dans les activités contemporaines. Je profite du fait que ma mère soit encore en vie, malgré ses 90 ans, pour obtenir ses enseignements et ses connaissances en cette matière », conclut-il.

Selon Carmelle Adam, la vision du Centre d’exposition est d’être un acteur de changement pour un mieux-être de l’individu et de la société dans laquelle il vit, qui est très complexe. Les artistes nous proposent des interrogations et des pistes de solutions.

Les expositions se poursuivent jusqu’au 25 août 2019.


Auteur/trice

Michèle Paquette est retraitée de l’enseignement des sciences naturelles au niveau collégial. Elle écrit dans L’Indice bohémien depuis 2013. Elle habite en Abitibi-Témiscamingue depuis 2006. Elle a vécu sur la Côte-Nord où elle s’est occupée d’environnement. Ici, elle s’intéresse tout particulièrement à la culture abitibienne.