Des plans, des esquisses, des photos : plus d’un million de photos de l’Abitibi-Témiscamingue du temps où il n’y avait que bien peu de choses. Une carte datée de 1907 sur laquelle figurent les seules villes existantes : Ville-Marie, Guigues et Notre-Dame-du-Nord.

« C’était à l’époque des premiers géologues venus cartographier la région. L’intérêt venait de l’Ontario. Il y avait des mines d’or en activité à Cobalt et l’hypothèse voulait que les sols du Québec étaient peut-être similaires », raconte Sébastien Tessier, archiviste et coordonnateur, BAnQ à Rouyn-Noranda.

Dans l’édifice situé rue du Terminus sont abritées des pièces d’anthologie et les mémoires du passé. Nul besoin d’un laissez-passer : l’endroit est accessible et ouvert aux visiteurs qui voudraient effectuer un voyage dans le temps.

« Beaucoup de municipalités nous ont contactés, des chercheurs, des comités paroissiaux, des journalistes aussi et plusieurs comités pour les fêtes, qu’il s’agisse des 100es comme celui de La Reine ou des 75es, mais je dirais que la plus grande partie de notre clientèle, ce sont des gens curieux ou passionnés de généalogie », explique l’archiviste.

En raison des abonnements à plusieurs sites de généalogie que l’on peut consulter gratuitement sur place, de registres et de banques de données, trouver la piste de ses aïeux n’est pas une tâche ardue.

« Il est possible de remonter jusqu’à l’époque de la Nouvelle-France, donc au-delà de l’Abitibi. Évidemment, on ne fait pas la recherche pour les gens, mais nous sommes là pour aider. Et c’est nettement plus facile qu’il y a une dizaine d’années », assure celui qui venait de terminer une visite avec un jeune garçon qui a voulu ce jour-là prolonger sa sortie scolaire de la veille.

D’anciens procès, d’anciennes amours

Outre la généalogie, des documents anciens sont aussi accessibles, dont plusieurs documents des palais de justice, des rapports de coroner, des procès. On y trouve des copies des registres fonciers afin de découvrir à qui appartenait une terre et aussi d’anciennes démarches de citoyenneté pour les immigrants qui ont pris racine au fil des années ou par vagues migratoires.

« On trouve aussi des documents comme le Guide du colon, des rapports de missionnaire et même une copie du rapport du père Paradis, rédigé vers 1885. Il y parle de ses rencontres avec les autochtones et ses aquarelles des paysages ou de cette une jeune Amérindienne nommée Princesse de l’Abitibi, une autre du mont Kanasuta, du Fort-Témiscamingue », dit-il, emballé.

Les archives de la BAnQ sont si considérables que de l’avis de M. Tessier, si chacune des boites était placée bout à bout, « on en aurait pour un kilomètre de documents textuels et un million de photos ».

Ces photos proviennent d’un peu partout, mais le Fonds Joseph Hermann Bolduc en contient un très grand nombre. Arrivé en 1938, cet homme avait fait l’acquisition d’autres photographies, dont les plus anciennes remontaient à 1934. Lui-même adepte de la chambre noire et de clichés, il a croqué des quantités de portraits et de scènes de la vie quotidienne jusqu’en 1978.

« Ça donne un beau portrait de ce qu’était la ville », résume M. Tessier.

L’édifice BAnQ ne fait pas relâche pour l’été. Les heures habituelles en semaine demeurent et le public est convié, jeunes et plus âgés, puisque comme le dit l’archiviste, chacun peut y trouver son compte.

« J’aime faire deviner, par exemple, ce que représentent certaines photographies. Et puis, les jeunes réalisent vite les notions et ça les situe sur la ligne du temps », conclut M. Tessier.


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.