Sylvie Rancourt, alias Mélody, c’est tout sauf une fille sans histoire. D’ailleurs, son histoire, c’est par le biais de la bande dessinée qu’elle a choisi de la raconter, elle qui, dans les années 90, a vendu 120 000 exemplaires aux États-Unis et 200 au Québec de sa première série de BD : The orgies of Abitibi . Oui oui, vous avez bien lu, il ne s’agit pas ici de bandes dessinées destinées aux enfants comme on a l’habitude d’en voir, mais bien d’une BD érotique, puisque c’est une partie de sa vie qui y est racontée, et que sa vie c’est entre autres 15 ans de carrière comme danseuse nue.

 

C’est suite à une peine d’amour qu’elle a d’abord décidé d’écrire sa vie, mais également parce qu’elle était consciente de la fascination qui entoure le milieu des bars de danseuses et qu’elle était on ne peut mieux placée pour en parler. Et quand on la questionne à savoir pourquoi elle a choisi la BD comme médium, c’est selon elle d’abord parce que ça lui permettait d’illustrer plus aisément le mouvement des corps. « Je m’en fou que ce soit beau ou pas, je veux faire réfléchir et réagir », c’est en ces termes qu’elle parle de ses dessins.

Si on entend soudainement parler à nouveau de Sylvie Rancourt après plusieurs années sans nouvelles d’elle, c’est qu’elle vient d’exposer des toiles, au printemps dernier, au Cabaret de la dernière chance. Entre-temps elle a eu cinq enfants, et que, pendant cette période, elle a préféré mettre de côté cet aspect de sa vie. « J’voulais plus en entendre parler, j’étais une fille perdue retrouvée. » Mais, comme elle le dit si bien « Un moment donné, il faut s’assumer ». Et elle est claire là-dessus, elle ne regrette rien. Elle qui peut d’ailleurs se vanter d’avoir eu sa propre maison d’édition dans les années 80, d’avoir écrit une histoire qui a été vendue à 2000 copies au Québec et que nos voisins du sud ont particulièrement appréciée, que 100 copies numérotées aient été vendues à 100$ chacune lors d’une foire du livre de Toronto à cette époque, d’avoir été propriétaire de son propre bar de danseuses à Duparquet, et j’en passe.

De l’art naïf que dans sa forme

Ce  n’est qu’au cours des dernières années qu’elle s’est remise à dessiner. Et comme elle souhaite faire paraître d’autres BD, et qu’elle n’en pouvait plus d’attendre une réponse positive de la part d’une maison d’édition, elle a décidé de se mettre à l’ouvrage et de produire en parallèle une quarantaine de toiles illustrant des moments de sa vie dans un style naïf qui rappelle les dessins d’enfants; toiles qui touchent toutes sortes de thématiques et qui sont entre autres utilisées pour des levées de fonds par des organismes. « Étant donné tout mon vécu, je me suis dit que Mélody allait aider les organismes et les gens. »

En fait, il faut préciser que, bien que ce soit ses illustrations qui aient été utilisées pour les premières éditions de Mélody au Québec, c’est ensuite un illustrateur professionnel qui a mis en images ses histoires pour les versions américaines.  « Mes dessins n’étaient pas assez beaux, alors la maison d’édition américaine qui a acheté les droits de Mélody a demandé à Jacques Boivin d’illustrer mes histoires. » Bref, en s’appliquant à la peinture, elle espère du même coup  développer son talent.

Et fort à parier que d’autres éditions de Mélody continueront de voir le jour dans un avenir rapproché. « Jusqu’à présent, j’ai une vingtaine de livres de publiés, mais ça représente juste l’équivalent de six mois de ma vie. » Reste à voir si un éditeur se manifestera, mais chose certaine, pas question pour Sylvie de rester là à attendre pendant ce temps!


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