On reprend bientôt le chemin de l’école, du collège, de l’université, un chemin vers des mondes qui connaissent encore leur part de coupures et de restrictions budgétaires. Oui, le budget du Ministère a augmenté cette année, mais pas assez pour couvrir la hausse des dépenses. Ce qui signifie la hache. Vite comme ça, c’est plus d’un million à couper à la commission scolaire de l’Or-et-des-Bois, c’est 500 000 $ au cégep régional.

On ne gagne pas d’élections en parlant d’éducation. Le dernier véritable engagement date de 2005, je crois, quand Boisclair voulait consacrer le tiers du budget de l’état à l’éducation. Les mandats de quatre ans passent et on gère à la petite semaine, se contentant souvent de passer des lois, de monter des programmes sur les problèmes à la mode. On élimine la malbouffe des cafétérias, comme si l’obésité était due aux cinq repas par semaine qu’y prennent les jeunes. On lance un vaste plan de lutte contre l’intimidation, comme si c’était nouveau, comme si l’école pouvait combattre ce qui se passe sur Facebook le soir. Et on oublie au passage la cyberviolence envers les profs, comme si ça faisait partie de leur description de tâches d’endurer tout ça. Ou encore, on promet de beaux tableaux interactifs dans toutes les classes, comme si c’était LA solution miracle aux motivations défaillantes des élèves, pendant que l’on commence à se questionner sur le nombre d’heures passées devant les écrans par nos chers chérubins.

On ne gagne pas d’élections en parlant d’éducation. Parce que la population vieillit, parce que la santé est la priorité nationale, parce qu’il vaut mieux promettre un hôpital ou moins d’attente dans les urgences. C’est ce que veulent les électeurs, dont la masse critique prend de l’âge. On gagne des élections en parlant de ponts et chaussées, comme dans le temps de Duplessis. Il faut promettre des bouts d’autoroute, une réfection d’asphalte ou la rénovation de viaducs. C’est ainsi que le pont Champlain et l’échangeur Turcot sont devenus des enjeux nationaux.

On ne gagne pas d’élections en parlant d’éducation. On n’en perd pas non plus. Quoique. Charest pourrait nous en parler. Il reste que la crise étudiante de 2012 concernait d’abord les portefeuilles : payer plus pour étudier. Ils sont où aujourd’hui, en cette fin d’été, les étudiants, les syndicats, les solidaires, les citoyens lambda, pour tapocher de la casserole après le souper ? Ils sont chez eux, probablement, à penser que le jeu des ciseaux n’affectera pas la qualité de l’enseignement. C’est ce que les directions d’écoles et de cégeps nous disent après tout. Il faudrait être un brin naïf ou cynique pour penser qu’il y a des tonnes de dollars à ramasser en coupant dans les structures, les comités, chez les cadres. Non. On demandera simplement aux profs d’en faire plus, de jouer aux hommes orchestres et de s’improviser psychologue, sexologue, orthopédagogue, animateur en loisir, etc. On espère que tout le monde n’y verra que du feu…


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.

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