Une mère exceptionnelle, voilà le titre du premier roman d’une jeune auteure originaire de La Sarre, Valérie Carreau, publié cet hiver aux Éditions Marchand de feuilles. Sous une couverture à l’apparence romantique et inoffensive se cache une histoire de maternité et de souffrance. Une histoire qui dérange, en silence.
Catherine est enceinte de 24 semaines et vient d’emménager dans une nouvelle maison. Son bonheur semble parfait, sous le vernis des apparences. Derrière le visage parfait de cette mère parfaite se cache en fait une femme troublée, anxieuse et obsessive, qui tente par tous les moyens d’oublier les circonstances qui ont conduit à la noyade de son jeune enfant dans la piscine derrière la maison.
Une correspondance étrange avec la voisine, qui l’épie par la fenêtre, la ramène à l’insupportable réalité. Pendant qu’un agent immobilier tente de vendre la maison, Catherine, rongée de remords, ne peut s’empêcher de saboter le processus de vente en racontant aux acheteurs potentiels les affreux évènements.
Si la prémisse de l’histoire est un drame horrible, le roman se présente sans trop de lourdeur ni de sensationnalisme. La narration se construit au fil de la pensée de la mère, dans le déni de la réalité, ce qui confère au récit une fausse légèreté. Le drame est là, en trame de fond, alors que Catherine confectionne des pâtisseries, récure les nombreuses surfaces chromées de sa trop grande maison, tente de maîtriser son angoisse dans la compulsion de l’entretien ménager et de la gestion domestique.
C’est l’histoire d’une dépression postpartum passée sous silence. L’histoire d’une femme qui croule sous la pression de la maternité parfaite, dont la santé mentale bascule doucement, sans jamais que l’on nomme ce qui se passe réellement. C’est un roman sur l’infinie solitude, celle où l’on se retranche quand les pensées deviennent inadmissibles.