Généralement, je ne suis pas affectée par les changements saisonniers. Je ne sais pas si c’est parce que depuis le printemps dernier, j’ai pris quelques habitudes qui améliorent grandement ma qualité de vie puis qu’inconsciemment, j’ai peur que ces changements gèlent avec mon gazon et que les améliorations que j’ai apportées s’envolent dans un torrent de feuilles mortes, jaunies, craquantes.

 

On va se dire les vraies affaires, c’est plate des fois être adulte. Non ? Pour vrai, je suis satisfaite de mes acquis, je ne troquerais mes connaissances d’adulte pour aucun jeu de marelle au monde. Mais les tracas et les responsabilités qui s’empilent avec les années qui avancent, je m’en passerais gaiement par moment ! Sauf qu’elle ne fonctionne pas comme ça, la vie. J’ai donc réfléchi.

 

La tranche de vie qui mène à la réflexion
Cet été, j’ai décidé que je refusais ma maturité. Fini d’être la plus ancienne de ma propre shop ! Je me prends de VRAIES vacances. Elles remontent à quand, toi, tes dernières vraies de vraies vacances ? Sans rendez-vous, sans cadran ni réunion, pas d’épicerie, pas de projet, pas de plans. Pas même pour un verre avec des amis ! Aaaaardjien !

 

Fait qu’en juillet, comme la majorité d’entre vous, j’ai pris des vacances. Mais pas ces vacances où on refait le patio. Ni celles où on planifie un itinéraire pour ne rien manquer. C’est ironique quand même, prendre des vacances et les programmer. Donc rien de tout ça, juste à remplir Alice de stock, puis s’enfuir ! Je te rassure immédiatement, Alice n’est pas un humain de service que je remplis d’objets quand bon me semble. Alice, c’est le prénom de ma voiture. Oui, j’ai baptisé ma voiture. T’sais, Mini Cooper, Cooper, Alice Cooper ? Boudoum-tsh ! J’ai donc embarqué tout ce dont l’amoureux et moi avions besoin pour survivre pendant 14 jours, puis on est partis là où le vent nous a poussés. Pareil comme dans la tune d’Éric Lapointe ! Partout ! Où la route te mène..! Personne t’attend ! (De rien pour le ver d’oreille.)

 

En profiter
On l’a donc fait. Deux adultes sur la route, roulant jusqu’où on a envie de rouler. S’arrêtant où ça nous chante, pour 10 minutes ou deux jours. Sans aucune réservation, n’ayant aucune destination. Juste nous, notre love, nos brosses à dents et notre soif de redevenir enfant. Avec des fausses cartes pour pouvoir aller prendre un verre de temps en temps, mettons. Deux semaines de liberté en mode avion, la grosse paix sale !

 

Sans blague, essaye. Au moins une fois dans ta vie, je te jure que tu ne le regretteras pas. Si jamais c’est le cas, viens me voir. Le département des plaintes est ouvert, pis c’est ben tranquille.

 

Prise de conscience et boycottage d’ancienneté
J’ai alors décidé que sporadiquement, j’allais me boycotter l’antiquité, revenir au bas de l’échelle de mes responsabilités pis de temps en temps, reculer ma montre pour m’autofaire croire que j’ai pas vu le temps passer, comme quand j’étais flo. (Désolée maman, je fais mon coming out temporel. Telle une pirate de la watch, je trafiquais ma Timex.) Après une année à revoir mes priorités et plusieurs mois à mettre en avant-plan une personne importante pour moi : moi, je me surprends presque à craindre l’automne, moi qui l’aime tant. Comme si le temps qui devient froid allait faire baisser le thermomètre de mon importance face à moi-même, me geler les idées et me faire reculer.

 

Donc, pour m’éviter de reculer, je m’impose épisodiquement des moments d’enfant. Des pauses isolées de ma vie d’adulte parfois trop pleine. Se foutre de la terre entière pendant un moment. Sortir de chez soi, aller au magasin à une piastre, s’acheter une p’tite bouteille pour faire des bulles, s’asseoir au milieu d’un parc, écouter le dehors, pis faire des bulles. Juste ça. Juste faire des bulles, sourire et s’en foutre. Parce qu’au fond, qu’est-ce qui va arriver si, pendant une demi-heure de notre journée, on arrête tout et on pense à nous ? Rien. Rien de plus qu’un humain qui ajuste son point focal au bon endroit, sur soi.

 

Après tout, des fois, faut juste penser à soi et s’en balancer, pas complètement, mais juste assez. \


Auteur/trice