Marie-Laure Aubin est une danseuse professionnelle spécialisée en danse contemporaine. Originaire de Val-d’Or, elle y enseigne la danse depuis 2004, au sein de l’école privée qui l’a initiée au 5e art pendant sa jeunesse. Après avoir reçu à cette école les enseignements en ballet jazz de Martine Riopel, elle est admise à l’université. À Montréal, son bac en poche, Marie-Laure ne pensait pas revenir s’établir en Abitibi. Mais la région a su la reconquérir avec des perspectives d’emploi, tandis que la métropole lui causait trop de stress à son gout.
C’était une bonne recrue. Deux ans plus tard, Marie-Laure crée, avec la danseuse Katherine Lessard, le Festival Art’Danse, le seul dédié à la danse en Abitibi-Témiscamingue.
L’événement prépare actuellement sa 9e édition, qui se tiendra du 15 au 19 mars prochains. Marie-Laure en souligne la vocation, qui est « de favoriser le dialogue entre les régions, d’abriter l’espace-temps de riches et conviviaux échanges ». La fondatrice et administratrice du festival pense que dans un tel contexte, l’esprit compétitif ne devrait pas avoir de place. C’est avec une certaine désolation qu’elle relate comment les concours ont été intégrés au programme afin de séduire une génération qui serait plus attirée par la concurrence.
Marie-Laure, à l’approche de ses 40 ans, mère de trois enfants, sent son corps plus prêt que jamais à l’interprétation de la danse. « Il est à l’apogée de ce qu’il peut donner. Il a eu le temps d’intégrer la technique et de vivre des expériences artistiques, notamment grâce à la transmission des savoirs aux élèves », explique-t-elle. Dans son rôle de formatrice, elle semble fière et enjouée en parlant des jeunes, qui lui ont parfois reproché de ne pas être assez puriste en hip-hop, mais qui ont fini par s’inscrire en contemporain ou même par s’orienter vers la danse au cégep!
Un des projets qui tiennent beaucoup à cœur à la danseuse et chorégraphe est d’enseigner son art aux personnes atteintes de déficience intellectuelle. Elle s’y replonge cette année, en partenariat avec Clair Foyer. Quoi d’autre? Marie-Laure Aubin est massothérapeute et songe à reprendre ses études en soins infirmiers. N’est-elle pas un bon exemple des liens entre les arts et l’humanisme?
Au plus profond de sa motivation, cette femme qui danse prône, au cœur de la création, la rencontre authentique, « le dialogue vrai, non pas celui de Facebook ». Il s’agit du dialogue après le deuxième « ça va? », alors que le premier suscite la réponse conventionnelle.
Elle parle dans son œuvre du superflu qu’elle perçoit dans le débat infini sur le rôle de l’homme et de la femme, dans la pression pour gagner 15 minutes dont on ne saura quoi faire… En créant, Marie-Laure Aubin murit et exprime sa résolution de vivre au lieu de chercher comment vivre.