Issu d’une idée originale de Carmelle Adam, directrice du Centre d’exposition de Val-d’Or, le projet Aki Odehi | Cicatrices de la Terre-Mère est une démarche de guérison par le territoire. Le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or est porteur du projet, par l’entremise du programme de Vérité et Réconciliation du Conseil des Arts du Canada. 

DE LA TERRE À LA GALERIE

Un collectif d’artistes (trois autochtones et deux allochtones), sous le commissariat de l’artiste Sonia Robertson (innue, Mashteuiatsh), a réalisé la partie Land Art du projet Aki Odehi | Cicatrices de la Terre-Mère à l’été 2017. Les œuvres devaient s’inscrire dans un cadre bien précis, fixé par la commissaire : un lieu de cicatrice ou de guérison, la réconciliation ou la rencontre, la participation, l’historicité et les traces en galerie. 

Du 22 juin au 26 août 2018, le Centre d’exposition de Val-d’Or, qui a assuré la direction artistique, présentera les traces des œuvres éphémères de l’an passé ainsi que des photos, des vidéos et des extraits d’enregistrement de témoignages qui ont été à la base de ce grand travail. En effet, plusieurs rencontres avec les aînés issus des communautés et divers intervenants ont eu lieu tout au long du processus afin d’établir une collaboration entre autochtones et allochtones, tout en impliquant la participation du public. Les artistes proposeront aussi une réflexion sur ces manœuvres artistiques grâce à des installations inédites. 

DES ŒUVRES POUR PURGER LA DOULEUR

Jacques Baril (québécois, Gallichan) aborde l’exclusion sociale avec l’œuvre Les Sept Feux. L’artiste a installé sept colonnes sur l’eau devant la pointe Apitipik au lac Abitibi pour ensuite les enflammer. Virginia Pésémapéo-Bordeleau (crie, Rouyn-Noranda) s’est consacrée aux disparitions et assassinats de femmes autochtones avec Marche poétique pour Sindy. Elle a fait deux marches avec lecture de poésie sur le territoire de la Ville de Val-d’Or. Des gens ont été invités à semer des graines dans les jardins en formant le nom SINDY pour évoquer l’esprit de Sindy Ruperthouse, toujours disparue. Karl Chevrier (anicinabe, Timiskaming First Nation) s’est intéressé aux pensionnats. Des gens de sa communauté ont participé à sa performance/action filmique dans la forêt enchantée du Fort-Témiscamingue. Véronique Doucet (québécoise, Rouyn-Noranda) a choisi comme thème les agressions faites aux femmes avec Territoire cosmétique à (re)coudre. En plus de recueillir des témoignages d’agressions, elle a reçu des bas de la population ainsi que de l’aide afin de coudre une jupe-tipi. Elle l’a portée pendant trois jours et trois nuits, nichée dans un arbre. Kevin Papatie (anicinabe, Kitcisakik) a quant à lui travaillé sur les inondations du territoire avec Otipi. Avec l’aide de gens, il a déplacé des souches du réservoir Dozois jusqu’à la source Gabriel à Val-d’Or. 

Cette exposition vous plongera dans l’univers anicinabe avec toute sa sensibilité. Inspirés de la sagesse des aînés, les artistes autochtones et allochtones ont travaillé ensemble afin de livrer au public leur touchante démarche de guérison par le territoire.


Auteur/trice

Michèle Paquette est retraitée de l’enseignement des sciences naturelles au niveau collégial. Elle écrit dans L’Indice bohémien depuis 2013. Elle habite en Abitibi-Témiscamingue depuis 2006. Elle a vécu sur la Côte-Nord où elle s’est occupée d’environnement. Ici, elle s’intéresse tout particulièrement à la culture abitibienne.