Le projet Territoire de rencontre vise à créer des occasions d’échange entre les membres des communautés des Premières Nations puis à les documenter. L’idée du projet a émergé d’une rencontre entre un jeune Inuk et un aîné qui ont été rassemblés en 2017 lors d’un tournage documentaire sur un site historique sacré en territoire. N’ayant jamais été mis en relation auparavant autour d’un projet commun, ils ont découvert le fort potentiel de leurs échanges et l’importance de les transmettre avec leur communauté.
Selon la coordonnatrice de Territoire de rencontre, Marilyne Soucy, de l’organisation sans but lucratif la Boîte Rouge VIF, « chaque fois qu’un aîné disparaît, c’est une bibliothèque de savoirs qui disparaît ». Territoire de rencontre est donc né d’un besoin du milieu de conserver la culture, les pratiques et les savoirs traditionnels grâce, entre autres, à des échanges intergénérationnels. Pour ce faire, des porteuses et porteurs culturels issus des Premiers Peuples sont choisis pour participer à une formation sur la captation vidéo et la réalisation d’entrevues. Ensuite, les vidéos filmées par les participantes et participants lors de ces rencontres servent à inspirer l’œuvre d’une ou d’un artiste local. En Abitibi-Témiscamingue, ce sont Amy Kistabish-Jerome, de Pikogan, et Andrée-Ann Monforton de Kebaowek – une jeune participante de 10 ans! – qui ont été recrutées avec l’aide de Minwashin pour être les porteuses culturelles de cet ambitieux projet.
En plus de promouvoir et d’archiver des pans importants de la culture anicinabe, Territoire de rencontre est une expérience très enrichissante pour les participantes et participants et les personnes qui sont interviewées. Amy Kistabish-Jerome a adoré son expérience et a hâte de diffuser ses vidéos pour que plus de jeunes en profitent. Elle a eu le bonheur de profiter du projet pour interviewer des membres de sa famille : « C’est important de documenter leurs savoirs pour quand ils vont être partis. Avant, le savoir se transmettait grâce au bouche-à-oreille. Maintenant, la technologie nous permet de garder des traces. Moi, ça m’a permis d’aller dans le bois, d’apprendre sur le territoire et l’histoire de ma famille. J’ai appris à dépecer un lièvre, à déplumer, arranger et faire cuire une oie! »
Les sujets sont multiples : il peut s’agir par exemple de faire une entrevue avec un aîné ou une aînée qui raconte une histoire ou une anecdote, filmer une artisane qui fait des mocassins, filmer un chasseur qui « arrange » son gibier tout en l’expliquant en anicinabe, etc. Selon Mme Soucy, lorsque l’on est prêts à filmer à tout moment grâce à de l’équipement simple et bien utilisé, les seules limites sont celles que l’on s’impose. D’ailleurs, l’une des participantes a pu capter la touchante vigie en l’honneur de Joyce Echaquan l’année dernière. Bien que ce ne soit pas le sujet habituel du projet, c’est un moment important qui doit être conservé et transmis.
Le projet Territoire de rencontre n’est pas près de se terminer. Des porteuses et porteurs culturels seront bientôt recrutés dans d’autres communautés anicinabek de la région.