FRANCINE GAUTHIER
Cet étonnant projet, qui a eu lieu cette année le 23 octobre, a vu le jour l’an dernier. C’est en présence de plusieurs artistes de l’édition 2024 et tous ceux de l’édition 2025, soit Sophie Royer, Josée Godbout, Alain Fluet, Marie-Joëlle Tanguay, Pierrette Gingras, Chantal Godbout, Nancy Sénéchal et Geneviève Morel, que s’est tenu l’événement. À cette occasion, un vibrant hommage a été rendu à Norbert Lemire, participant de la première édition, décédé il y a quelques mois, dont les œuvres ornent les murs de cette deuxième édition. La soixantaine de personnes présentes à ce 5 à 7 a pris part au « dénouement » du ruban. Plutôt que de couper le ruban, l’organisatrice a invité Julie et Charlotte, les filles de Norbert, à « défaire le nœud » plutôt qu’à « rompre le lien ».

Le magasin de meubles Brandsource, à Macamic, propose un changement de vision et innove en présentant une mise en scène qui désire rallier la population à cette vision. Pourquoi cette forme d’innovation irait-elle à l’encontre de principes établis en art? L’artiste qui accepte librement de louer un espace chez un marchand ne devient pas forcément un opportuniste. Il souhaite rejoindre un public plus large au moyen d’un concept ouvert.
Ici, on offre simplement à l’artiste la possibilité d’exposer ses œuvres en d’autres lieux que ceux qui sont prévus à cet effet. Il en résulte alors de belles découvertes culturelles pour ceux dont le but premier est tout autre que celui d’être agréablement surpris par la présence, sur les murs d’un commerce, d’œuvres d’art originales, créées par des artistes locaux. On présume que les personnes qui entrent dans ce lieu, d’abord parce pour y chercher des meubles, ne s’attendent pas à ce qu’on en soigne nécessairement la présentation avec des œuvres originales. Or, c’est justement l’intention du propriétaire de suggérer une autre façon d’intégrer l’art au quotidien. Jean-Benoît Ouellet se dit heureux d’offrir des espaces susceptibles d’inspirer les citoyens de la MRC.

C’est sur l’hypothèse d’une empreinte possible sur le visiteur de passage que se fonde cette proposition d’ouvrir plus grandes les portes à l’art local. L’ouverture se pratique des deux côtés, tant de celui de l’offre que de celui de la demande. Ce geste éventuel du visiteur de céder à un coup de cœur pour une œuvre d’art deviendra l’expression de la volonté de personnaliser son décor. L’œuvre livre un message, elle peut parler et toucher la personne qui la regarde. Ainsi, investir dans l’art participe à une affirmation de soi. C’est ce que démontrait avec encore plus d’insistance la deuxième édition de Déc’art qui part de l’œuvre pour installer le décor.

La deuxième édition a longtemps habité l’organisatrice Geneviève Morel et pour cause. Elle perçoit cette initiative comme une invitation à voir les choses autrement. Selon elle, l’art commande cette ouverture. Que ce soit au salon ou dans une chambre d’enfant, l’œuvre qu’on suspendra au mur de cette pièce participera à la mise en scène. Elle pourra inspirer par son message, par ses couleurs ou par sa lumière les personnes qui vivent en ce lieu. Une expérience originale, axée sur la nouveauté, voilà ce que proposent à leurs visiteurs les instigateurs du deuxième volet de Déc’art.
